Cambriolage de la bijouterie de Élisabeth Diouf/évasion/tentative d’assassinat… : l’histoire de Bouba Chinois, un des plus grands caïds de l’histoire du Sénégal

Les événements de mai 1968 resteront à jamais gravés dans l’histoire du monde et du Sénégal. Parallèlement à de nombreux pays dans le monde, la période contestataire qui se cristallise en mai 1968 au Sénégal est marquée par une série de manifestations éstudiantines et de grèves syndicales. Une assemblée générale du syndicat d’étudiants vote le début d’une grève générale et illimitée à partir du 27 mai, en appelant à une alliance avec l’Union nationale des travailleurs sénégalais (UNTS). Les revendications s’étendent à la dénonciation du régime, de l’impérialisme français, caractérisé par son ingérence dans la vie politique et son poids dans l’économie, du chômage et de l’inadaptation du système scolaire. Cette période a vu naître beaucoup de révolutionnaires dont Bouba Chinois.Même si la révolution avait fini par porter ses fruits, beaucoup des membres actifs du Mouvement des jeunes marxistes-léninistes du Sénégal furent arrêtés et conduits en prison.Des années passèrent et Bouba croupit aussi en prison avec ses amis. En ces temps, rien que le nom de Bouba Chinois faisait frémir. Ce dernier n’etait pas un enfant de chœur. Dakaractu est ainsi allé à la rencontre d’un des plus grands bandits que le Sénégal a connu. D’après lui, c’est le régime de Senghor qui a fait de lui un révolutionnaire. Mais si l’on en croit Papis, ancien détenu et jeune qui a grandi sous l’aile de Bouba, ce dernier n’est pas quelqu’un de dangereux. Dans ses souvenirs, il se rappelle qu’il les a toujours incités à s’éloigner du banditisme. Beaucoup d’histoires se cachent derrière cet homme. Des histoires que lui seul peut nous raconter. Dès notre premier échange avec cet ancien caïd, Bouba a aussitôt donné son accord pour nous accorder une interview. Elle commence par une séance de présentation, comme si l’âge lui ayant fait perdre toute sa terreur, Bouba Chinois veut convaincre que c’est bien lui. « C’est moi, Boubacar Sy, plus connu sous le nom de Bouba Chinois, mon surnom ne relève que des origines de sa mère chinoise », nous dit il. Bouba a eu une enfance très agitée, durant laquelle, son père qui fut dans l’armée, l’a amené lui et sa famille dans plusieurs pays, mais c’est en France qu’ils se sont installés en dernier avant de poser leurs pieds au Sénégal pour s’y installer définitivement. C’est là où Bouba étudiera jusqu’à l’université. Mais avant d’entrer dans le parcours de sa vie de caïd, Bouba a tenu à lancer un message à l’endroit des jeunes : « Tous ces jeunes veulent suivre mes traces, mais je leur dis une chose, ne faites pas de moi une référence ». Dans ses explications, Bouba assure qu’il ne fut pas un bandit, mais un révolté. Un de ces jeunes inspirés par les révoltes menées dans les autres pays par des gens considérés plus tard comme des héros. Sauf que lui commença d’abord par renverser des étals, défoncer les portes de cinéma, faire de petits vols…et c’est là que débuta ses mauvaises actions, qui lui vaudront sa légende. Voulant mieux se faire connaître dans ce Sénégal où les informations passaient principalement à la radio à cette epoque, il entreprit de réaliser son plus grand cambriolage, celui de la bijouterie portant le nom de la femme du Président Diouf, Élisabeth Diouf. Bouba retrace en détails le film de sa scène. Après plusieurs jours de cavale en dehors du Sénégal, Bouba a été piégé puis arrêté par la DIC. Là encore, un autre fait qui alimentera la presse. En effet, après avoir été incarcéré à Rebeuss, Bouba sera le premier prisonnier à s’évader de la prison. Un fait qui même s’il reste dans les mémoires, pour Bouba Chinois était tout à fait anodin puisqu’il avait déjà réussi à faire la même chose à la prison de l’île de Gorée pour s’indigner contre l’assassinat de son ami Oumar Blondin Diop. Lors de son passage à Rebeuss, il côtoiera l’ancien président de la République sénégalaise Abdoulaye Wade, en ce moment farouche opposant au socialiste Abdou Diouf. Selon lui, on a même voulu à un moment donné lui faire porter le chapeau d’une tentative d’assassinat sur Wade. Plusieurs années après la sortie de Wade père, Bouba qui purge toujours sa peine assure qu’il a accueilli et protégé son fils Karim Wade. Sur le banditisme tel que constaté de nos jours dans notre pays, pour Bouba, le phénomène n’est dû qu’aux inégalités qui ont fini de révolter les plus démunis.o

Po

ur lui, l’État doit prendre les mesures nécessaires et venir en aide à la jeunesse sénégalaise.

Avec les tensions politiques notées ces temps-ci, Bouba appelle au calme et à la paix, mais il adresse aussi un message à Barthélémy dont il assure qu’ils ont ensemble surmonté beaucoup d’épreuves.

Pour Papis, son jeune compagnon, ce sont ces autorités qui ont fait un passage en prison qui devraient accompagner la jeunesse et les détenus, mais surtout lutter contre la délinquance et participer à la réinsertion sociale. Une idée partagée par Bouba Chinois. Avant de rejoindre son fief, Bouba a tenu à rendre grâce à Ndary Diop, le juge qui lui a rendu sa liberté, lorsque tout le monde l’avait contesté.

L’histoire de Bouba chinois devrait beaucoup servir de leçon à la jeunesse. Entre regrets et mépris, Bouba s’est finalement reconverti et promet de lutter contre le banditisme jusqu’à la fin de ses jours, mais il déplore beaucoup d’injustices, surtout concernant le projet de l’Empire des enfants dont il assure que c’était son idée…

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