CHAN 2023: Pape Thiaw, le « talonnier » sur les pas d’Aliou Cissé
Le sélectionneur local du Sénégal, membre de la génération 2002, a l’ambition d’écrire son nom dans le football sénégalais en tant qu’entraîneur. Comme son ex-coéquipier et mentor Aliou Cissé, champion d’Afrique avec les Lions.
De notre envoyé spécial à Annaba, RFI
« Le Talonnier » ! L’anecdote sur ce barbarisme le fait grandement sourire. Sur le fronton de sa maison familiale dans le quartier Ouagou Niayes de Dakar, une peinture a longtemps représenté Pape Thiaw, le « talonneur » pour figer dans le temps le geste technique. Cette talonnade de l’attaquant des Lions qui lançait, il y a plus de 20 ans, Henri Camara vers son but en or contre la Suède (2-1 a.p) au Mondial 2002. La « fresque » a vécu et a disparu lentement, accompagnant la carrière du joueur qui allait également glisser de la pelouse au banc d’entraîneur.
Pendant longtemps, l’image du « talonneur » est restée, au point « d’agacer », le désormais sélectionneur des Lions locaux. « C’est comme si ma carrière en équipe nationale se résumait à cette talonnade. Alors que, par exemple, j’avais réussi un doublé et une passe décisive lors du dernier match décisif contre la Namibie (5-0) qui nous qualifiait à la Coupe du monde ».
« Envie de donner pour mon pays »
Aujourd’hui, l’ancien joueur de Strasbourg est « ravi » que son statut de sélectionneur remplace celui de joueur depuis qu’il a qualifié l’équipe locale au CHAN, 11 ans après la dernière participation des Lions.
Un destin en accéléré puisque Pape Thiaw a pris les rênes de la sélection A’ après le décès du titulaire Joseph Koto, victime d’un malaise en octobre 2021. « J’étais son adjoint et j’ai beaucoup appris à ses côtés », témoigne-t-il.
Un destin accepté aussi tant le natif de Dakar avait l’ambition de transmettre le savoir-faire accumulé durant sa carrière de joueur. « La meilleure façon de transmettre, c’était de coacher. Comme j’avais des blessures récurrentes au genou, j’ai pris les devants, et je suis allé passer mes diplômes très tôt. Aujourd’hui, j’entraîne avec passion, et j’ai envie de donner surtout pour mon pays. »
Aliou Cissé, l’exemple à suivre
Après avoir fait ses armes dans le club très populaire de Niarry Tally (Dakar) pendant trois ans, voilà donc Pape Thiaw investi d’un plus gros challenge. Avec un peu plus de pression, surtout avec la réussite de l’équipe A devenue championne d’Afrique. À sa tête, un certain Aliou Cissé, membre de la génération 2002, comme Pape Thiaw.
Le coach des locaux n’est donc pas allé loin pour trouver l’exemple parfait à suivre. « Aliou, avant tout, c’est un grand frère. C’était mon capitaine en sélection, et surtout un mentor pour moi. C’est quelqu’un qui montre la voie. Il a fait quelque chose dont tout le monde rêve : gagner la CAN pour son pays. Si on parle beaucoup du Sénégal dans le monde, c’est en partie grâce à lui. C’est un exemple à suivre, c’est le meilleur entraîneur en Afrique. C’est mon idole. »
Pape Thiaw ambitionne « avec humilité » de gagner un titre avec ses protégés. Et malgré un bilan mitigé avec une victoire (1-0, Côte d’Ivoire) et une défaite (0-1, Ouganda) lors des deux premières journées, Bouna – de son deuxième prénom – entend bien remporter la première « finale » de ce CHAN devant la RD Congo pour la troisième et dernière journée de la poule B. Après, l’objectif sera évidemment de viser la grande finale qui se jouera le 4 février, un jour avant l’anniversaire de… Pape Thiaw.
Il n’y aura certainement pas meilleur cadeau qu’un trophée continental pour le « talonneur ». Pardon ! Le coach…