Mouvements d’humeur des transporteurs : Mansour ferme au volant
- Sur le respect des mesures : «L’État ne recule pas»
- «Ceux qui veulent ma démission doivent faire preuve d’endurance»
Les accidents de Sikilo du 8 janvier et de Sakal ce 17 janvier ont occasionné la mort de 64 personnes. Sous le feu des critiques, les autorités ont annoncé une batterie de mesures drastiques, déjà contestées par les transporteurs, qui ont décidé d’aller en grève aujourd’hui. Mansour Faye, en conférence de presse hier, assure que toutes les mesures sont prises pour que les non-grévistes travaillent sans entraves.
Par Ousmane SOW – Mansour Faye a pris la parole hier pour tenter de rassurer les Sénégalais, qui doivent faire face à une grève d’une partie des syndicats des transports. Pour le ministre des Transports terrestres, les autres opérateurs peuvent circuler en toute tranquillité. «En considération des résultats de cette concertation, les membres du Cadre unitaire des syndicats des transports routiers du Sénégal ont décidé de ne pas suivre le mot d’ordre de grève décrété par les autres acteurs. Toutes les dispositions seront prises pour assurer le déplacement en toute sécurité des personnes. Les Forces de défense et de sécurité prendront toutes les mesures idoines pour que toute personne qui tentera de barrer la route soit freinée et remise à la Justice», assure M. Faye, lors d’une conférence de presse hier. C’était le moment de prendre la parole pour essayer de reprendre la main alors que le secteur est en pleine crise.
En plus de la grève, le Sénégal est endeuillé par les accidents de Sikilo et de Sakal qui ont fait 64 morts. Cette succession d’évènements malheureux pousse l’Etat à serrer davantage la vis pour réguler le secteur. «Nous tous, nous en convenons, il y a trop de morts et de blessés dus aux accidents de la route. C’en est trop ! Et ne pas agir serait une négligence coupable que l’Etat ne peut endosser», avance le ministre.
«Pour la nuit, il y aura des dérogations lors des événements particuliers»
Les 22 mesures prises après le Conseil interministériel sur la sécurité routière visent à «protéger la personne humaine». Même certaines sont d’application immédiate et d’autres à moyen et long termes, l’Etat a décidé de maintenir ouvert le canal du dialogue. Ce qui l’a conduit à faire des concessions sur certains points. Pour les heures de circulation des véhicules de transport public de voyageurs et de marchandises de 23 heures à 5 heures du matin, le ministre a annoncé aussi des aménagements et allègements lors des évènements religieux et autres. «Il y a le Magal de Porokhane dans quelques jours. Et pour les évènements particuliers, nous allons apporter des mesures d’accompagnement. L’Etat en a l’expérience, surtout avec le Covid-19», informe le ministre.
Par ailleurs, Mansour Faye a justifié les dérogations sur la mesure d’interdiction des porte-bagages sur une période transitoire d’un an. «En attendant, les porte-bagages sont limités à 50 cm pour les 7/8 places et 70 cm pour les autres véhicules de transport de voyageurs. S’agissant des visites techniques modernes à Dakar, le gouvernement trouvera, avec les acteurs, un mécanisme pour que des visites techniques modernes soient effectuées dans les régions intérieures», ajoute le ministre des Transports terrestres. Il enchaîne : «Le programme d’érection de 8 centres de contrôle technique modernes dans les autres régions sera accéléré. Pour la durée d’exploitation des véhicules de transport public, un décret a été pris pour porter la durée d’exploitation des véhicules de transport public de voyageurs à 20 ans et celle des véhicules de transport de marchandises à 25 ans, à partir de la date de première mise en circulation.» A titre dérogatoire, une période d’exploitation supplémentaire de 2 ans a été aussi accordée aux véhicules de transport public de marchandises et de voyageurs ayant dépassé les durées limites fixées. Quid de l’âge des conducteurs ? Il annonce l’application vigoureuse des dispositions du Code de la route : 23 ans pour les chauffeurs des gros porteurs et 25 ans pour les véhicules de transport public de voyageurs.
Aujourd’hui, Mansour Faye annonce que l’Etat ne va pas reculer malgré la bronca. «Un Etat ne recule pas. Un Etat échange, organise des concertations avec ses acteurs et trouve des solutions appropriées, et c’est ce que nous avons fait en toute responsabilité. En réalité, nous n’avons pas d’adversaires. Les transporteurs, quels que soient les syndicats ou les associations auxquels ils appartiennent, sont et demeurent nos partenaires. Aujourd’hui, il s’agit de s’unir pour lutter contre les accidents de la route. C’est un fléau, mais ce n’est pas une fatalité. Si nous nous y mettons, tous ensemble, avec application, sérieux et rigueur ; si nous convergeons vers le même objectif qui n’est rien d’autre que sauver des vies, alors nous réussirons ensemble à réduire le nombre des accidents de la route», espère Mansour Faye, qui certifie qu’il n’y aura pas d’augmentation de tarifs dans le transport.