Cap-Vert – Affaire de la pirogue de Fass Boye : «Sal» temps !

Par Arlinda NEVES (correspondante particulière) – Deux des sept Sénégalais du groupe des 38 rescapés de la pirogue secourue au large de l’île de Sal mardi dernier, hospitalisés depuis quatre jours à l’Hôpital régional Ramiro Figueiras, pourraient être transférés à l’hôpital Agostinho Neto (Han) de Praia si leur état clinique (forte fièvre et problèmes rénaux) ne s’améliore pas dans les prochaines heures. L’information a été donnée au Quotidien par le président de l’Association des Sénégalais résidant à Sal, Médoune Ndiaye, et la Police nationale qui suivent de près leur état de santé avec les autorités sanitaires locales. Les 32 autres rescapés se trouvent à l’Ecole Ramiro Figueiras d’Espargos où ils sont pris en charge par une équipe pluridisciplinaire composée des services nationaux de la protection civile, de la mairie, de la Police nationale, de la Haute autorité de la migration, du Parquet, de la Police judiciaire et d’autres entités gouvernementales, qui intensifient également leurs efforts pour identifier tous les occupants de la pirogue.

Depuis quatre jours, les autorités capverdiennes sont au chevet des survivants de la pirogue de Fass Boye, qui avait à son bord 38 personnes en vie et sept cadavres. Elles offrent depuis mardi toute leur assistance et leur solidarité à ces ressortissants de la côte ouest-africaine, en leur fournissant de la nourriture, des vêtements et des soins médicaux adéquats. Dès leur sauvetage, 7 d’entre eux, tous de nationalité sénégalaise, sont admis à l’Hôpital régional de Sal, où ils reçoivent des soins intensifs. Président de l’Association des Sénégalais résidant à Sal, Médoune Ndiaye fait le point : «Je suis ici à l’hôpital, et d’après les médecins, deux Sénégalais pourraient être transférés à l’Hôpital central de Praia, car leur état est très délicat.» Médoune Ndiaye, qui espère que ses compatriotes se rétabliront bien, assure également que «les autorités capverdiennes à Sal continuent de faire un bon travail» en apportant tout le soutien nécessaire aux survivants.

32 personnes hébergées à l’Ecole publique Ramiro Figueiras


Du côté de la Police nationale de Sal, selon son porte-parole Gilson Tavares, on poursuit le processus d’identification des occupants de la pirogue. «Ils n’avaient pas de documents, mais à l’heure actuelle, la plupart d’entre eux ont été identifiés, et seuls deux restent à l’hôpital sous soins médicaux intensifs», a-t-il déclaré. En attendant, Gilson Tavares assure que le décompte se poursuivra jusqu’à ce que les autorités capverdiennes et sénégalaises décident du sort des migrants et aussi de savoir si les morts seront rapatriés à Dakar.
En moins d’un an, trois pirogues au moins se sont échouées sur les îles du Cap-Vert. Le cas le plus récent, la pirogue des 101 migrants de Fass Boye, repêchée à 150 miles de l’île de Sal ce mardi, a déclenché une nouvelle alarme sur les limites techniques des pays de la façade atlantique, et du Cap-Vert en particulier, pour faire face au fléau migratoire. José Viana, président de la Plateforme des communautés africaines, estime qu’il est temps pour le gouvernement capverdien de commencer à chercher des alternatives pour accueillir ces migrants. «Cette situation est vraiment inquiétante. Elle nous appelle tous à rechercher des mesures pour alléger les souffrances de ces personnes. Nous devons prendre des mesures préventives, trouver comment s’occuper de ces personnes et les guider. C’est pourquoi je pense que le moment est venu pour le Cap-Vert non seulement d’avoir une équipe multidisciplinaire pour fournir une assistance humanitaire, mais aussi pour le pays d’avoir un centre d’accueil à cette fin», a-t-il déclaré jeudi à la presse.
Le ministre de l’Intérieur, Paulo Rocha, a pour sa part assuré que le gouvernement capverdien continuera d’apporter tout son soutien aux victimes de ce fléau. Mais, il précise que le Cap-Vert ne pourra pas faire plus, car le pays a aussi ses propres limites. «Nous continuerons à fournir une assistance humanitaire pour le rétablissement complet des personnes concernées, mais nous sommes préoccupés par nos frontières et les autorités nationales prendront des mesures pour assurer la sécurité de ceux qui viennent et de nos citoyens», avance Paulo Rocha, interrogé par la Bbc.
Face à ce scénario, le ministre capverdien exclut toute possibilité de créer des centres d’accueil ou de rétention. La seule alternative est donc, selon lui, de rapatrier ces migrants dans leur pays d’origine. «Il y a d’autres questions qui seront traitées diplomatiquement. Nous n’envisageons pas de maintenir des centres d’accueil permanents ici parce que cela n’a pas de sens, étant donné notre statut de pays archipélagique avec tous nos problèmes», a déclaré Paulo Rocha ce jeudi, en réponse à la position du président de la Plateforme des communautés d’immigrés du Cap-Vert.
La pirogue, avec 101 passagers, a quitté la zone de pêche de Fass Boye, située dans le département de Tivaouane, le 10 juillet, à destination de l’Espagne. Après 20 jours de navigation en haute mer, ils n’avaient plus de vivres et 56 d’entre eux seraient morts de faim et auraient été jetés par-dessus bord. Le bateau a ensuite poursuivi sa navigation vers l’incertitude avec 45 personnes dont 38 en vie et 7 cadavres.
Pour l’instant, les sept corps se trouvent toujours à la morgue de l’Hôpital régional de Sal, dans l’attente d‘une décision des autorités capverdiennes et sénégalaises à ce sujet. En attendant, l’ambassadeur du Sénégal au Cap-Vert doit s’y rendre le mardi 22 août pour suivre la situation des migrants, en particulier celle des Sénégalais.

SOURCE LEQUOTIDIEN

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