Création du conseil national de la mémoire et du patrimoine historique : le patrimoine au centre de Sénégal 2050
Réuni au Musée des Civilisations Noires de Dakar, depuis hier lundi 15 décembre et jusqu’aujourd’hui, le Conseil national de la Mémoire et du Patrimoine historique du Sénégal a franchi une étape déterminante vers sa mise en place effective. Organisée par le Ministère de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme (MCAT), cette rencontre nationale a réuni experts, chercheurs, universitaires, institutions culturelles, représentants de l’État, acteurs communautaires et organisations de la société civile autour d’un objectif central, celui de définir l’architecture intellectuelle, institutionnelle et stratégique d’un organe appelé à jouer un rôle structurant dans la politique culturelle du pays.
Annoncée par le Président de la République lors du Conseil des ministres du 18 décembre 2024, la création du Conseil national de la Mémoire et du Patrimoine historique s’inscrit dans la vision de l’Agenda Sénégal 2050. Il ne s’agit plus de conserver le patrimoine dans une logique purement commémorative ou muséale, mais de le repositionner comme un levier de transformation sociale, économique et culturelle.
Dans son discours d’ouverture, le ministre de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme a fixé le cap. Faire de l’histoire et de la mémoire, des matrices actives des politiques publiques : « le patrimoine, l’histoire et la mémoire doivent désormais irriguer nos politiques publiques, influencer l’éducation, l’artisanat, le tourisme, la santé et renforcer la fierté culturelle nationale » a-t-il affirmé, insistant sur leur rôle dans la consolidation de la souveraineté culturelle, l’inclusion économique et le rayonnement international du Sénégal. Une orientation assumée, en résonance directe avec la pensée de Cheikh Anta Diop, pour qui la connaissance historique constitue un socle indispensable à construction nationale et à la cohésion collective
Les participants ont permis de dégager les grandes missions du Futur Conseil qui sont de produire un cadre de référence scientifique et éthique sur la mémoire nationale, accompagner les politiques publiques en matière patrimoniale et contribuer à la transmission des savoirs historiques aux jeunes générations. La question de la gouvernance a occupé une place centrale, avec la confirmation du rattachement institutionnel du Conseil au ministère de la Culture. Le ministre a plaidé pour une architecture souple mais rigoureuse, articulée autour d’un comité scientifique pluraliste intégrant experts nationaux, membres de la diaspora et spécialistes internationaux du Sénégal et d’un comité de pilotage chargé de garantir la cohérence et l’efficacité de l’action.
Au-delà des structures, les participants ont insisté sur la méthode. L’enjeu est de concilier exigence scientifique et ouverture, en associant savoirs académiques, connaissances endogènes, acteurs culturels, artistes et professionnels du numérique. Une démarche participative destinée à éviter les écueils de la bureaucratisation et à produire des contenus vivants, actualisés et accessibles, tant sur le patrimoine matériel qu’immatériel.
La modernisation de la diffusion de la mémoire nationale figure parmi les axes jugés prioritaires. Les pistes explorées incluent la création d’une plateforme numérique interactive destinée aux enseignants, chercheurs et au grand public, la production de supports pédagogiques et médiatiques, la publication de manuels scolaires, la diffusion de documentaires et de podcasts, ainsi que le développement de formations professionnelles certifiantes dans les domaines de l’artisanat, des arts et de la gestion culturelle.
LAMINE DIEDHIOU

