VGB: plaidoyer pour une réponse nationale harmonisée et multisectorielle

Un atelier de partage du protocole de collaboration multisectorielle et des outils de prise en charge harmonisés pour les victimes survivantes de violences basées sur le genre (VBG) s’est tenu le lundi 15 décembre 2025, réunissant les principaux acteurs institutionnels, techniques et de la société civile engagés dans la lutte contre ce fléau qui gangrène la société sénégalaise

La rencontre a enregistré les interventions successives des représentants de la société civile, de l’Agence belge de coopération internationale Enabel, du Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) ainsi que du ministère de la Famille, de l’Action sociale et des Solidarités, représenté au nom de la ministre Maimouna Dièye. Tous ont souligné l’urgence d’une réponse coordonnée, cohérente et efficace face à l’ampleur croissante des violences faites aux femmes et aux filles.

Prenant la parole au nom d’Enabel, son représentant a rappelé l’engagement de l’agence belge aux côtés de l’État du Sénégal, notamment à travers la construction et l’équipement de centres de prise en charge holistique dans plusieurs régions du pays. Toutefois, il a pointé l’un des défis majeurs : la non-effectivité de certains centres, liée principalement à l’insuffisance ou à l’absence d’affectation de personnel qualifié. À cet égard, l’exemple du centre de Kaffrine, rendu fonctionnel grâce à un arrêté du gouverneur, a été cité comme une avancée encourageante, appelant à des mesures similaires dans les autres régions.

De son côté, la représentante de l’UNFPA s’est appuyée sur les données alarmantes de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD), qui révèlent une progression des cas de violences basées sur le genre, passés de 27 % à 31,9 % au cours des cinq dernières années. Elle a également évoqué la persistance de pratiques néfastes telles que le mariage d’enfants, dont le taux est estimé à 12 %, ainsi que l’augmentation préoccupante des féminicides. Autant d’indicateurs qui, selon elle, imposent une mobilisation nationale renforcée et durable.

L’UNFPA a salué les efforts de l’État du Sénégal, notamment la ratification des instruments juridiques internationaux et l’adoption de lois majeures, dont celle criminalisant le viol. Toutefois, malgré ces avancées, le déficit de centres spécialisés et surtout l’absence d’harmonisation des outils de prise en charge demeurent des obstacles majeurs à une réponse efficace et équitable sur l’ensemble du territoire

Au nom du ministère de la Famille, de l’Action sociale et des Solidarités, le représentant de la ministre Maimouna Dièye a insisté sur la portée stratégique de cet atelier, organisé dans le prolongement des 18 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes et aux filles. Il a rappelé que la lutte contre les VBG est l’affaire de tous : État, collectivités, société civile, partenaires techniques et financiers, leaders religieux et coutumiers, médias et citoyens.

Les échanges ont également mis en lumière l’apport des études socio-anthropologiques et psychologiques menées en collaboration avec des institutions universitaires nationales et internationales, notamment l’Université catholique de Louvain, ainsi qu’avec l’ANSD. Ces travaux ont permis d’identifier les insuffisances du dispositif existant et de justifier la nécessité de standardiser les outils de référence, afin de garantir une prise en charge globale, intégrée et respectueuse des droits et de la dignité des survivantes

Les participants ont convenu que les principaux défis résident dans la prévention, la disponibilité effective des centres d’accueil, la coordination intersectorielle et l’appropriation des nouveaux protocoles par tous les acteurs concernés. Les solutions préconisées reposent sur le renforcement de la collaboration multisectorielle, la formation continue des intervenants, la mobilisation de ressources humaines et financières suffisantes et l’adhésion de tous aux standards nationaux harmonisés.

LAMINE DIEDHIOU

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