Négociations de paix en Ukraine : l’hypothèse de concessions territoriales dans le Donbass se précise

L’Ukraine est-elle sur le point d’accepter une concession majeure face à la Russie ? Selon le négociateur ukrainien Mykhailo Podoliak, cité par le journal français Le Monde, Kiev accepterait la mise en place d’une zone démilitarisée dans la région du Donbass.

L’idée d’une zone démilitarisée dans la région ukrainienne du Donbass figure dans le plan qui circule actuellement entre les capitales. Et Kiev serait sur le point d’accepter ce scénario, selon le négociateur ukrainien Mikhail Podoliak.

Selon cet officiel ukrainien, cité par nos confrères du journal Le Monde, les forces russes comme les forces ukrainiennes devraient alors se retirer de part et d’autre de l’actuelle ligne de front dans le Donbass. 

Le négociateur de l’Ukraine évoque même « un contingent étranger » et « des missions de surveillance » pour contrôler le respect de ce dispositif. « Une zone démilitarisée devra exister de part et d’autre de la ligne, dévoile au Monde le négociateur ukrainien Mykhaïlo Podoliak. Il faudra décrire, de manière logique et juridique, si tous les types d’armements doivent être retirés ou uniquement les armes lourdes. Pour prévenir d’éventuelles violations, des représentants de missions de surveillance et un contingent étranger devront être présents afin de veiller au respect des principes et des accords. (…) C’est un format naturel de fin de conflit, sachant qu’une partie du territoire restera malheureusement sous occupation de facto de la Russie et qu’une ligne de séparation sera fixée de toute façon. »

Un peu plus tôt jeudi, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait évoqué les différentes concessions demandées à son pays pour mettre fin à la guerre. Il a mentionné cette proposition américaine de zone démilitarisée qui pourrait être qualifiée de « zone économique libre », mais n’est pas allé jusqu’à accepter cette formule. Selon le président ukrainien, « un référendum » ou « une élection » seront nécessaires pour que son pays se prononce sur les questions territoriales.

 L’idée d’une zone démilitarisée dans des territoires que la Russie n’a pas réussi à conquérir en près de quatre ans d’intenses combats représenterait une concession majeure de Kiev, qui éviterait cependant d’y renoncer formellement. « Qui gouvernerait ce territoire, qu’ils (les Américains) appellent déjà ‘zone économique libre’ ou ‘zone démilitarisée’, (les États-Unis) l’ignorent », a relevé M. Zelensky, rapporte l’Agence France presse.

Les Européens entre le marteau et l’enclume

Le président américain Donald Trump fait part de son impatience et de son exaspération de façon répétée depuis plusieurs jours face à l’absence de résultat des pourparlers pour mettre fin à la guerre en Ukraine. Washington somme Kiev d’accepter des concessions territoriales qui pourraient comprendre une zone démilitarisée. « Le président est extrêmement frustré par les deux camps impliqués dans cette guerre, et il en a assez des réunions qui n’ont d’autre but que de se réunir », a déclaré jeudi soir à la presse la porte-parole de la Maison Blanche Karoline Leavitt. Il ne veut plus de paroles, il veut des actes. Il veut que cette guerre prenne fin. »

Les Européens, qui font bloc autour de Kiev et l’ont redit hier, jeudi, lors de la réunion de la « Coalition des volontaires », tentent de peser sur les pourparlers mais ils ne peuvent qu’agir en réaction, sur la défensive. Ils sont des cartes à jouer, explique sur notre antenne, au micro de Nicolas Falez de la rédaction internationale, Ulrich Bounat. « Ils sont plutôt toujours en correction de ce que fait Donald Trump. Je pense que ça tient à deux aspects : le premier, c’est que la sécurité de l’Europe, qu’on le veuille ou non, n’est toujours pas autonome stratégiquement côté européen » et donc que les Européens ne peuvent se fâcher avec un ex-allié devenu « une puissance politiquement hostile ». Ils essaient en conséquence « d’éviter à tout prix le scénario dans lequel Donald Trump dirait bon, écoutez l’Ukraine, j’en ai marre, débrouillez-vous sans moi… les Européens sont un petit peu entre le marteau et l’enclume. J’ai envie de dire dans le sens où ils ont besoin d’obtenir un certain nombre de garanties et d’aides pour l’Ukraine et pour la sécurité de l’Europe. Ce qui suppose de pas se fâcher avec Donald Trump. Mais d’un autre côté, les postures de Donald Trump sont clairement aux antipodes des intérêts de l’Europe.»

« La semaine à venir sera décisive » pour l’Ukraine, a souligné la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.  Outre les discussions sur un règlement du conflit, les jours à venir seront marqués par un sommet des dirigeants européens le 18 décembre, où sera discutée l’utilisation éventuelle des avoirs russes gelés en Europe pour aider l’Ukraine.

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