COOPÉRATION ÉCONOMIQUE SÉNÉGAL-TÜRKIYE – L’axe Dakar–Ankara accélère l’industrialisation

À l’issue d’une visite marquée par la venue d’une délégation turque à Dakar, le ministre du Commerce et de l’Industrie, Serigne Guèye Diop, dresse le bilan d’une relation bilatérale en pleine mutation. Allant des investissements structurants à la réduction du déficit commercial en passant par un cadre juridique rénové, les deux pays écrivent une nouvelle page de leur coopération.

L’agenda diplomatique entre Dakar et Ankara est en pleine effervescence. Cette dynamique s’inscrit dans une séquence stratégique initiée par le chef de l’État au début de l’année 2025. Elle a été prolongée par la visite du Premier ministre, en septembre, puis consolidée récemment sur le terrain par le ministre du Commerce et de l’Industrie, Serigne Guèye Diop. « Cette visite est la conséquence logique d’une série d’engagements. Elle démontre que la Türkiye est fortement engagée à relever les défis économiques avec nous », a affirmé le ministre. La présence de 37 chefs d’entreprises turques, conduits par le ministre turc du Commerce, en est un symbole éloquent. « Cela montre que ce pays a une vocation de partenariat avec le Sénégal », a-t-il souligné. La question centrale est celle de la concrétisation. « Comment convaincre ces entreprises turques à investir chez nous dans l’industrie ? », s’est interrogé Serigne Guèye Diop. La réponse s’articule autour de plusieurs piliers, dont la présentation des 45 zones industrielles du Sénégal. Mais, l’ambition est d’ « établir un cadre réglementaire qui permet aux Turcs d’investir ou de co-investir avec des Sénégalais ».

Ce cadre, en cours d’élaboration, vise à sécuriser les investisseurs tout en ancrant les projets localement. « Nous discutons pour que, dans la prochaine loi sur l’industrialisation, on impose un certain pourcentage de participation de nos entreprises à tout investissement », a-t-il expliqué. Un autre signal fort est la venue du ministre turc pour assister à l’ouverture de la 33e édition de la Foire internationale de Dakar (Fidak). « Je crois que c’est la première fois. Cela montre que nous franchissons un nouveau cap commercial », a analysé le ministre. Cependant, un point d’ombre persiste : le déséquilibre chronique des échanges. « Nous avons parlé de 780 millions de dollars d’investissements turcs au Sénégal.

Par contre, les exportations sénégalaises vers la Türkiye sont très faibles », a concédé Serigne Guèye Diop. Réduire ce gap est, à son avis, une priorité qui passera par la promotion des joint-ventures. Le levier de transformation pourrait résider dans le formidable réservoir des Pme turques. « La Turquie a quatre millions de Pme. En dehors de l’Allemagne, je ne connais aucun pays qui en a autant », a-t-il fait remarquer. Un cadre juridique spécifique, dont une première étape sera signée demain, et un volet global, en mars, à Ankara, est en préparation. Il associera les patronats et des institutions financières. Pour catalyser les synergies, l’idée d’une zone industrielle dédiée aux entreprises turques a été avancée. « Vu leur dynamisme, cela permettra d’avoir un essaim d’abeilles autour de nos zones industrielles », a expliqué le ministre, ciblant l’agroalimentaire, les industries manufacturières et extractives.

Pathé NIANG
LESOLEIL

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