Présidentielle en Guinée: une campagne timide
La prochaine présidentielle en Guinée se tiendra dans trois semaines, dimanche 28 décembre. Depuis une semaine, la campagne a officiellement commencé. Neuf candidats sont en lice, dont le président de la transition militaire, le général Mamadi Doumbouya.
Par TV5MONDE – Philippine de Clermont-Tonnerre – ABDOULRAHMANE BAH
L’élection présidentielle en Guinée se déroulera dimanche 28 décembre. Un scrutin très attendu par les Guinéens, quatre ans après le coup d’État du général Mamadi Doumbouya, dans ce pays considéré comme l’un des plus pauvres du monde, à l’histoire jalonnée de coups d’État et marquée par la violence de régimes autoritaires.
Si la campagne a démarré timidement, le candidat Mohamed Nabé a mené un premier meeting en grande pompe, vendredi 5 décembre à Labé, fief de Cellou Dalein Diallo, l’opposant historique écarté des listes électorales. Un pari osé pour ce chef d’entreprise bardé de diplômes internationaux mais novice dans la course à la présidentielle.
Ici, de nombreux électeurs sont orphelins alors le candidat leur tend la main. « Le premier point de notre projet sera axé sur la réconciliation nationale, le second, sur le renforcement de l’éducation », a déclaré Mohamed Nabé devant ses partisans. Une manière prudente d’évoquer le climat qui entoure la campagne.
Les grands partis absents du scrutin
Depuis le coup d’État il y a quatre ans, les disparitions de voix dissidentes se multiplient. En l’absence dans la liste de ténors comme l’ex-Premier ministre en exil Cellou Dalein Diallo, l’opposition pourra éventuellement compter sur le candidat Faya Lansana Millimono, connu notamment pour ses diatribes contre le pouvoir militaire.
Le candidat a dénoncé l’enlèvement, dans la nuit du 2 au 3 décembre, du directeur adjoint de sa campagne. Le lendemain, le parquet général a menacé de poursuite quiconque pointerait la responsabilité des autorités dans ces kidnappings.
Interdits de se présenter, les grands partis sont tous absents. Seul neuf candidats sur 51 ont été retenus par la Cour suprême dont Elhadj Bouna Keïta qui brigue pour la troisième fois la magistrature suprême. Le fondateur du RGP axe son programme sur l’agriculture et la lutte contre le réchauffement climatique. Les recours de plusieurs candidats recalés introduits après la publication de la liste provisoire ont été rejetés par la Cour, qui a estimé qu’ils étaient « non fondés ».
Ce scrutin présidentiel est censé mettre fin à la transition. Contrairement à sa promesse initiale, le président actuel, le général Mamadi Doumbouya, 40 ans – il avait pris le pouvoir en 2021 en renversant le président civil Alpha Condé au pouvoir depuis dix ans- est candidat à ce scrutin, pour lequel il est donné favori.

