Madd en Casamance : les acteurs appelés à renforcer la production pour satisfaire la demande croissante

Ziguinchor, (APS) – Les acteurs de la filière madd en Casamance (sud) sont appelés à renforcer leur production, actuellement de 3 000 tonnes de fruits frais par an, un volume jugé insuffisant par les acteurs au regard d’une demande nationale et internationale en forte croissance.

La faible capacité de transformation, de l’ordre de 5% de la production, est l’un des défis auxquels demeurent confrontés les producteurs de madd en Casamance, a indiqué Pape Tahirou Kanouté, directeur exécutif de l’ONG Économie, Territoire et Développement Service (ETDS).

Il s’exprimait mardi, en marge de l’assemblée générale de renouvellement de l’Association pour la protection et la promotion de l’indication géographique “madd de Casamance” (APPIGMAC), à Ziguinchor, en présence du directeur régional du développement rural (DRDR), Casimir Adrien Sambou, et du représentant du gouverneur.

Pape Tahirou Konaté a de même évoqué, parmi les contraintes du secteur, la nécessité de renforcer la production de ce fruit sauvage issu du Saba senegalensis, une espèce de lianes sauvages qui pousse dans les savanes.

Il fait observer que la demande nationale et internationale pour le madd de Casamance est “en forte expansion, portée par de nouveaux partenariats commerciaux au Sénégal et en Europe”.

La filière reste “dominée par la cueillette, un mode d’exploitation non durable”, dans un contexte où les forêts sont de plus en plus agressées.

Il souligne que les capacités actuelles de transformation demeurent inférieures à 5 %, alors que l’Association pour la protection et la promotion de l’indication géographique “madd de Casamance” fédère 81 PME, 25 groupes de cueilleurs et plus de 4 000 membres.

L’association a enregistré, en 2024, “un succès majeur”, à savoir l’obtention de la première indication géographique du Sénégal, consacrant “le madd de Casamance”.

“Depuis, la visibilité du produit s’est renforcée, ouvrant la voie à des partenariats commerciaux au niveau national et en Europe”, s’est félicité M. Kanouté.

Pour faire face à la demande croissante, les acteurs plaident pour le renforcement de la production, la structuration de la chaîne de valeur, l’accès au financement et aux équipements, ainsi que l’implication accrue de la recherche agricole.

“La cueillette n’a pas d’avenir”, a rappelé le directeur régional du développement rural, appelant à une professionnalisation de la chaîne de valeur, de la production à la commercialisation, ainsi qu’à la sélection de plants pour améliorer la ressource.

“Il faut produire davantage, sélectionner les meilleurs plants et sécuriser la ressource”, a insisté Casimir Adrien Sambou, plaidant pour une transition vers une production plus organisée.

La présidente par intérim de l’APPIGMAC, Diadia Baldé, a souligné les menaces qui pèsent sur la ressource avec les feux de brousse, la coupe abusive de branches et la collecte de fruits immatures.

Elle indique que la campagne 2024 a été marquée par une faible disponibilité, en attendant la consolidation des chiffres définitifs.

Mme Baldé a appelé à la professionnalisation et à la préservation de la filière madd, qu’elle juge “stratégique pour la souveraineté alimentaire” du Sénégal.

Elle a expliqué que l’assemblée générale de l’association a permis de renouveler les instances et de renforcer la collaboration entre acteurs, partenaires et autorités, dans l’objectif de préserver et développer cette filière agroforestière jugée essentielle pour la Casamance.

MNF/BK/HK

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *