La Poste : une lueur d’espoir à l’agence de Tivaouane après l’annonce de mesures de redressement

Tivaouane, (APS) – L’annonce, lundi, par le Premier ministre Ousmane Sonko, de mesures visant à redresser La Poste, a fait naître une lueur d’espoir à Tivaouane, où le chef d’agence et des usagers rencontrés par l’APS appellent de tous leurs vœux la mise en œuvre de ces décisions pour sauver ce patrimoine.

La venue en nombre de pèlerins à Tivaouane pour célébrer le Gamou, la naissance du prophète Mohamed (PSL) n’y fait rien ! L’atmosphère morose régnant à l’agence de la Poste de la cité religieuse depuis belle lurette continue à persister. Des sièges vides et trois agents seulement présents pour gérer les affaires courantes. Une situation qui tranche nettement du souvenir des années fastes pendant lesquelles, franchir le seuil de l’agence de la Poste, relevait du prestige. Autrefois, ce bâtiment était un lieu de rendez-vous incontournable, symbole de modernité et de lien social. Ce mercredi 3 septembre 2025, en plus du chef d’agence, Pape Samba Coulibaly, deux postiers sont assis devant des guichets déserts. Pas un client venu pour envoyer ou recevoir un mandat. Ce n’est pas l’effervescence des grands évènements. Le silence régnant sur les lieux en dit long.

Ce vide ravive la mémoire d’Issakha Diène. Installé dans sa voiture, le septuagénaire accompagné de membres de sa famille venus passer le Maouloud chez les Moustarchidines, se souvient avec nostalgie de ce que l’on pourrait appeler l’âge d’or de la Poste. Dans une voix teintée d’émotion, il partage ses souvenirs.

“Mon frère était un agent des postes très connu au Sénégal. Je l’ai accompagné à travers ses différentes affectations, et c’est [ainsi] que j’ai rencontré mon épouse“, raconte-t-il.

“La Poste, c’était un joyau national, un patrimoine qui faisait notre fierté. Aujourd’hui, la voir dans cet état, est une véritable honte pour nous“, se désole-t-il, les yeux embués.

Dans les cœurs de nombreux Sénégalais, La Poste demeure plus qu’un service, elle incarne une mémoire collective, un héritage bâti sur la confiance, la proximité et le maillage territorial. Sa déchéance est perçue comme la perte d’un repère national, d’une institution qui accompagnait les familles dans leurs moments de joie, comme dans leurs épreuves.

L’annonce par le Premier ministre Ousmane Sonko lundi, d’une batterie de mesures pour redresser cette institution, est accueillie comme une lueur d’espoir, de voir cet héritage presque agonisant, reprendre son souffle, ou un nouveau souffle.

Lundi à Dakar, à l’issue d’un conseil interministériel consacré à l’avenir du Groupe La Poste, le chef du gouvernement Ousmane Sonko a réaffirmé la volonté de l’Etat de sauver et moderniser cette entreprise publique, en proie à une crise structurelle depuis plusieurs années.

Les décisions issues de cette rencontre interministérielle portent sur la mise à jour des états financiers de l’entreprise, sa recapitalisation, la validation d’un plan stratégique de développement, la finalisation du Code des postes et la création d’un fonds de développement du service universel postal.

Le chef du gouvernement rapporte avoir également instruit la mise en œuvre d’un plan de départs négociés, en vue d’une rationalisation des effectifs, tout en veillant au maintien d’un climat social apaisé et à la sécurisation des salaires. Lors de ce conseil interministériel, il a par ailleurs, ordonné l’apurement des dettes fiscales et sociales estimées respectivement à 6,2 milliards et 2 milliards de francs CFA.

Il a été décidé que la convention liant la Caisse des dépôts et consignations à Postefinances, une filiale de la Poste, devra aussi être appliquée, avec un décaissement de 5 milliards de francs CFA, d’ici à décembre 2025, pour garantir la liquidité des épargnes. Le gouvernement prévoit, dans le même esprit, de valoriser le patrimoine immobilier et le potentiel télécom de La Poste, ainsi que la mutualisation de ses ressources avec celles d’autres structures publiques.

Entre autres décisions fortes, le Premier ministre Ousmane Sonko a invité l’ensemble des ministères et organismes publics à recourir prioritairement aux services logistiques et financiers de La Poste.

Il encourage la création d’un cadre de collaboration entre La Poste et le Trésor, ainsi que l’élaboration d’une feuille de route pour la création d’une banque postale d’ici à 2029, tout comme le lancement d’un service national de messagerie électronique.

Autant de réformes qui visent à ”restaurer la solvabilité de La Poste, à moderniser sa gouvernance et à repositionner l’entreprise comme un acteur central de l’inclusion financière, de la logistique et du numérique au Sénégal”.

À l’agence de Poste de Tivaouane, ce discours a fait renaître l’espoir. “Nous saluons les engagements du Premier ministre et nous croyons fermement que la Poste peut retrouver sa santé financière“, confie à l’APS, Pape Samba Coulibaly.

“Le réseau postal a les moyens de détrôner tous les systèmes de transfert d’argent au Sénégal, car lui seul peut mailler efficacement le territoire avec des services sécurisés“, soutient le responsable local.

L’idée d’une banque postale cristallise les attentes

Oulimata Kane Sow, une Sénégalaise résidant en Belgique, est du même avis. “La Poste est un patrimoine qui mérite d’être lifté sur le plan économique. Nous voyons bien le rôle de la banque postale en France. Si c’est possible quelque part, ça doit l’être aussi au Sénégal, où nous avons toutes les ressources humaines pour transformer radicalement le visage de la Poste“, martèle cette expatriée, venue au pays spécialement pour célébrer le Maouloud, commémorant la naissance du Prophète Mohamed (PSL).

L’idée de la création d’une banque postale cristallise désormais les attentes de certains acteurs du secteur. Le chef d’agence de Tivaouane se dit “persuadé“ qu’avec cette institution financière, “la Poste redeviendra ce qu’elle a toujours été : un pilier de l’économie nationale et un patrimoine dont les Sénégalais seront de nouveau fiers“.

Entre nostalgie d’une époque devenue lointaine et promesses de lendemains meilleurs, un même vœu s’exprime : voir La Poste ressusciter, non seulement comme opérateur de services, mais aussi comme patrimoine vivant, témoin d’une histoire et miroir de l’avenir.

MKB/ADI/AKS/OID

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