Woodside dans la tourmente : le Fisc sort une pièce maîtresse et réclame plus de 41 milliards FCFA
L’affaire qui oppose Woodside à l’administration fiscale sénégalaise prend une tournure décisive. Comme le rapporte le quotidien Libération dans son édition du 18 juillet, malgré un renvoi qualifié de ferme, le bras de fer s’est poursuivi au tribunal de Dakar ce 17 juillet. Verdict : nouveau renvoi… mais avec une lourde charge déposée par le Fisc dans la balance.
Et cette charge, c’est une lettre. Pas n’importe laquelle. Une missive datée du 22 février, signée par nul autre qu’Abdoulaye Daouda Diallo, alors ministre des Finances et du Budget, adressée à sa collègue Sophie Gladima, ministre du Pétrole et des Mines. Ce courrier, désormais versé au dossier en tant que pièce maîtresse, pourrait bien faire basculer le cours de la procédure.
La lettre qui accuse
Dans cette lettre, Abdoulaye Daouda Diallo confirme clairement la position de l’administration fiscale : la cession totale par la société Far Sénégal RSSD de ses droits et intérêts à Woodside Energy Sénégal BV (WESBV) ne bénéficie d’aucun régime dérogatoire. En d’autres termes, l’opération est pleinement soumise au Code général des impôts.
Et il est catégorique :
« Les cessions de capitaux mobiliers réalisées par Far Sénégal ne bénéficient d’aucun dispositif dérogatoire au Code général des impôts. Elles sont, en conséquence, soumises au régime fiscal de droit commun », écrit l’ex-ministre, selon Libération.
Or, Woodside soutenait jusqu’ici le contraire, prétendant que l’opération échappait à tout redressement fiscal. Une ligne de défense que cette lettre vient dynamiter.
Procédure jugée « abusive » par le Fisc
Dans ses conclusions additionnelles fraîchement déposées au tribunal, le Fisc ne se contente pas d’enfoncer le clou avec cette pièce accablante. Il demande aussi des dommages et intérêts pour procédure abusive et dilatoire.
Mieux encore, l’administration fiscale veut que le tribunal lui reconnaisse l’entier bénéfice de tous les arguments développés dans ses précédentes conclusions, aussi bien sur le fond que sur la forme. Pour elle, la procédure enclenchée par Woodside n’est rien de moins qu’un « abus du droit d’agir en justice ».
Un enjeu colossal : plus de 41 milliards en jeu
Pour rappel, l’État sénégalais, par le biais de sa direction générale des Impôts et Domaines, réclame à Woodside la somme exacte de 41.467.543.147 FCFA.
L’origine du litige remonte à l’acquisition, par Woodside, des parts de la société Far Sénégal dans les blocs Rufisque Offshore, Sangomar Offshore et Sangomar Deep Offshore (RSSD). L’opérateur australien conteste les titres de perception émis par l’administration fiscale, et a même saisi le CIRDI, tribunal arbitral relevant de la Banque mondiale.
Mais aujourd’hui, avec ce nouveau document entre les mains du Fisc, la stratégie défensive de Woodside pourrait bien s’effondrer. Le tribunal de Dakar a renvoyé l’affaire au 18 septembre 2025, date qui s’annonce cruciale.

