Afrique du Sud: après un an au pouvoir, un nouveau scandale fait vaciller la coalition gouvernementale

En Afrique du Sud, la tension monte dans le gouvernement d’union nationale. À l’occasion du premier anniversaire de cette coalition inédite (lundi 30 juin), l’Alliance démocratique (DA) a porté plainte mardi 1er juillet contre une ministre de l’ANC, qu’elle accuse de corruption. Déjà en rupture avec le « dialogue national » lancé par le président Cyril Ramaphosa, la DA adopte une stratégie ambivalente, en multipliant les attaques contre l’ANC, tout en refusant de quitter le gouvernement.

Ce 1er juillet, l’Afrique du Sud célèbre le premier anniversaire de la formation du gouvernement d’unité nationale (GNU), composé de dix partis. Ce dernier a été mis en place après que le Congrès national africain (ANC), plombé par une gouvernance entachée de corruption, a échoué pour la première fois à remporter une majorité absolue lors des élections au Parlement.

Cette coalition est chahutée par des dissensions internes, notamment sur le budget.

Dans le cadre de ce nouveau différend, des représentants de l’Alliance démocratique (DA) ont déposé plainte dans un commissariat du Cap contre la ministre de l’Enseignement supérieur, Nobuhle Nkabane.

Ils l’accusent d’avoir menti au Parlement afin de nommer de manière « frauduleuse » des personnes liées à l’ANC aux conseils d’administration de structures éducatives. « La corruption au sein de l’exécutif est devenue une pratique courante sous la présidence de Cyril Ramaphosa », a accusé le parti dans un communiqué.

La DA a également indiqué qu’une enquête policière pour corruption visant une autre ministre du gouvernement de l’ANC, Thembi Simelane, était également en cours. Cela à la suite d’une plainte déposée par le parti concernant des accusations de facturation frauduleuse à l’encontre de la compagnie nationale d’électricité, Eskom.

Thembi Simelane était ministre de la Justice jusqu’à ce que le président Cyril Ramaphosa la transfère, l’année dernière, au ministère de l’Habitat, après des révélations sur son implication dans une affaire de corruption. Le deuxième parti politique d’Afrique du Sud, l’Alliance démocratique, membre de la coalition au pouvoir, a porté plainte mardi contre la ministre de l’Enseignement supérieur, l’accusant de corruption, fragilisant le gouvernement d’unité nationale (GNU).

Tensions renforcées avec le limogeage d’un ministre de la DA

« Nous prenons des mesures parce que le président du pays, le président de l’ANC, refuse d’agir face aux ministres corrompus », a de son côté expliqué Baxolile Nodada, membre du parlement de l’AD, aux journalistes devant le commissariat de police. L’une des raisons pour lesquelles la DA a rejoint le gouvernement d’unité nationale était de « nous assurer que nous luttons contre la corruption », a-t-il ajouté.

Les tensions au sein de la coalition ont commencé la semaine dernière, avec le limogeage d’un ministre de la DA, Andrew Whitfield, en raison d’un voyage à l’étranger non autorisé, selon la présidence. Samedi, la DA a annoncé son retrait du « dialogue national » lancé par Cyril Ramaphosa pour résoudre les problèmes qui minent le pays, secouant le GNU avant son premier anniversaire.

Alors que la DA dénonce la corruption et la coalition, elle refuse de partir. Une stratégie ambivalente « qui en dit long sur les limites des alliances politiques en Afrique du Sud », selon Sanusha Naidu, analyste politique et chercheuse à l’Institute for Global Dialogue, en Afrique du Sud.

La DA met la pression sur l’ANC, en l’accusant de ne pas agir contre ses ministres corrompus. Elle se présente comme la force morale du gouvernement, convaincue que ses propres ministres, eux, ont fait avancer les choses. Mais cette posture crée une tension permanente. La DA estime ne pas être respectée dans cette coalition, tout en refusant d’en sortir. Car selon elle, si elle quitte le gouvernement d’union, ce sera au détriment des Sud-Africains. Son message est clair : sans elle, rien ne tient. Même fragile, c’est elle qui maintient la cohésion. Ce positionnement de la DA, à la fois contradictoire et revendicatif, laisse penser qu’elle prépare peut-être une sortie de la coalition à l’horizon des élections de 2029. Ce flou stratégique nous en dit long sur les limites des alliances politiques en Afrique du Sud, elles sont devenues plus tendues, plus instables — et profondément fragmentées.

«La DA se présente comme la force morale du gouvernement, mais cette posture crée une tension permanente. La DA estime ne pas être respectée dans cette coalition, tout en refusant d’en sortir», selon la chercheuse Sanusha Naidu.Christina Okello

SOURCE RFI

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