Gestion des déchets des systèmes solaires: la face cachée d’une transition verte en pleine expansion

Alors que la transition énergétique s’accélère, une autre réalité émerge en sourdine : celle des déchets issus des équipements solaires. Selon une étude rendue publique hier, jeudi 26 juin, le Sénégal pourrait cumuler jusqu’à 90 000 tonnes de déchets solaires à l’horizon 2050. Un enjeu encore peu anticipé mais pourtant crucial.

Réalisée dans le cadre d’un atelier organisé par l’Agence nationale des énergies renouvelables (Aner) en partenariat avec la coopération belge Enabel, l’étude dresse un premier état des lieux alarmant. D’ici 2040, le pays devra déjà gérer plus de 22 000 tonnes de déchets solaires, composés à 55 % de panneaux photovoltaïques et à 45 % de batteries. Entre 2040 et 2050, les volumes vont littéralement exploser, et plus de 60 % de ces déchets seront issus de panneaux.

Le Directeur général de l’Aner, Diouma Kobor, alerte sur les risques associés à cette accumulation. Il rappelle que les panneaux, les batteries, les onduleurs ou encore les convertisseurs, une fois hors d’usage, deviennent des déchets spécifiques, potentiellement dangereux pour la santé publique et l’environnement, s’ils ne sont pas traités correctement. Toutefois, il y voit aussi une opportunité stratégique : « Ces déchets peuvent ouvrir la voie à une filière verte industrielle, génératrice d’emplois, d’innovation et de valeur ajoutée locale. »

Sur le plan technique, les panneaux solaires sont relativement stables, supportent bien la chaleur et peuvent être recyclés avec un impact environnemental modéré. Mais les batteries au lithium fer phosphate, elles, posent davantage de problèmes. Leur recyclage est coûteux, complexe, et ne permet pas de récupérer efficacement tous les métaux contenus. Leur impact environnemental est jugé mauvais, bien que leur stabilité thermique soit acceptable.

Fatou Mbow Ly, directrice de l’énergie, qui représentait le ministre du Pétrole et des Énergies, a replacé le débat dans le cadre plus large de la politique énergétique nationale. Elle a rappelé que le gouvernement s’est fixé pour objectif de porter à 40 % la part des énergies renouvelables dans le mix électrique d’ici 2030, avec un double objectif : accès universel à l’électricité et réduction de l’empreinte carbone. Mais elle avertit : « Cette transition comporte des externalités que nous devons dès maintenant anticiper. »

Pour elle, il est urgent de mettre en place un dispositif national de gestion des déchets solaires, intégrant recyclage, réglementation, structuration de filières et accompagnement des acteurs. « Ce n’est pas seulement un problème technique. C’est aussi une question de souveraineté énergétique et industrielle », a-t-elle martelé.

L’étude recommande ainsi de renforcer le cadre réglementaire, d’investir dans la formation technique et d’encourager les partenariats public-privé dans la gestion durable des équipements solaires en fin de vie. En d’autres termes : penser dès aujourd’hui à ce que deviendra le soleil de demain.

NDEYE AMINATA CISSE

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