Innovation spatiale en Afrique/ Projet SENSAT : Le Sénégal trace sa voie dans le spatial africain
Dans le cadre d’une visite officielle, le Dr Tidiane Ouattara, président du Conseil de l’Agence Spatiale Africaine (ASA), a été reçu ce jeudi au centre de réception et de contrôle du projet SENSAT, niché au cœur de la Cité du Savoir de Diamniadio. Guidé par le Professeur Gayane Faye, coordonnateur du programme, le haut responsable panafricain a pu mesurer les avancées technologiques du Sénégal dans un secteur stratégique et porteur : l’espace.
Le projet SENSAT, conduit par le Pr Faye, a permis au Sénégal de concevoir, fabriquer et mettre en orbite son tout premier satellite : le CAILESAT. Dédié à la collecte automatisée de données environnementales, ce dispositif marque un tournant. « L’objectif principal était de former des ressources humaines capables d’assurer notre autonomie technologique », explique-t-il. Une ambition déjà en marche avec une quinzaine d’ingénieurs sénégalais désormais outillés pour produire satellites et balises. Ces instruments, indispensables à la prévention des inondations, à la surveillance des frontières ou à l’observation des installations pétrolières, sont conçus et assemblés sur place.
Actuellement, le projet entre dans une nouvelle phase, avec le déploiement de balises au niveau national, notamment à l’Université de Diamniadio. Ces équipements collecteront des données en temps réel, allégeant ainsi les coûts et les délais liés aux méthodes classiques. Un second satellite, le CAILESAT-1B, est également en préparation afin de densifier le maillage du réseau.
Impressionné, le Dr Ouattara a salué le leadership du Sénégal dans le domaine spatial. « Le pays s’est imposé comme un acteur clé du spatial africain, malgré son entrée récente », a-t-il déclaré. Il a aussi rappelé que l’Afrique ne profite que de 0,02 % des retombées économiques du secteur spatial mondial. Pour renverser la tendance, l’ASA mise sur la formation locale et l’innovation. « L’espace est un bien commun. Le Sénégal prouve que l’Afrique peut en être un acteur majeur », a-t-il insisté.
Le président de l’ASA a également souligné l’importance d’une coopération renforcée entre États africains et entre les secteurs public, privé et académique. Il a salué le modèle sénégalais, « un écosystème cohérent, où l’État, l’université et les ingénieurs travaillent de concert », et assuré du soutien de l’Agence pour la poursuite du projet SENSAT.
Les discussions ont aussi porté sur les futurs développements, notamment l’imagerie satellitaire ou la surveillance des zones côtières. Le Pr Faye a évoqué l’identification de nouveaux cas d’usage, en lien avec des partenaires internationaux, dont l’Université spatiale de Montpellier.
Cette visite s’inscrit dans le cadre du forum organisé par l’Association sénégalaise des professionnels de la géomatique, prévu jusqu’à samedi à Dakar. Elle marque une étape importante pour un pays dont les ambitions spatiales, encore jeunes, s’affirment comme une référence pour l’Afrique.« L’espace est un bien commun. Le Sénégal prouve que l’Afrique peut en être un acteur majeur. » a souligné le Dr Ouattara.
LAMINE DIEDHIOU – SUDQUOTIDIEN

