Exploitation aurifère: Fortuna Mining quitte le Burkina Faso dans un contexte de quête de « souveraineté »

L’annonce du retrait de la compagnie canadienne Fortuna Mining du Burkina Faso, en avril 2025, marque un tournant important dans la nouvelle dynamique et le contexte où la gestion de ses ressources minières est au cœur des débats. Fortuna Mining a accepté de vendre ses activités au Burkina Faso à la société mauricienne Soleil Ressources International pour environ 130 millions de dollars en espèces.
 
Officiellement, Fortuna Mining évoque dans un communiqué la fin prochaine des réserves exploitables à Yaramoko, une durée de vie estimée à un an, l’arrêt des activités d’exploration et un environnement des affaires devenu plus difficile. 
 
Une vente représente « une sortie prudente qui optimise la valeur » compte tenu du climat des affaires de plus en plus difficile au Burkina Faso, a déclaré vendredi Jorge Ganoza, PDG de Fortuna, dans le communiqué. La mine de Yaramoko, principal actif de l’entreprise dans le pays, dispose encore d’environ un an de réserves.

Un départ d’Ain contexte de quête de « nationalisation »

Derrière ces justifications se dessine une réalité plus vaste : de plus en plus de pays ouest-africains révisent les contrats miniers hérités de l’époque où les multinationales occidentales pouvaient tirer profit des richesses africaines avec peu ou pas de retombées pour les populations locales.
 
Le Burkina Faso, comme le Mali ou encore le Sénégal, s’engage désormais dans la voie d’une gestion plus souveraine de ses ressources naturelles. Aussi, un départ d’autant plus étonnant car, Fortuna Mining a effectué une production aurifère en hausse de 12 % au premier trimestre 2025. 
 
La société repreneuse, Soleil Ressources International, dirigée par l’homme d’affaires burkinabè Inoussa Kanazoé, n’est pas étrangère au secteur. Elle possède déjà trois mines en activité au Burkina, des permis d’exploration ainsi qu’une société de forage. Cette décision ne profite t-elle pas aux nouvelles autorités qui prônent de nouvelles orientations quant à l’exploitation et l’utilisation des ressources naturelles du pays?
 
Fortuna, de son côté, préfère désormais recentrer ses activités sur la Côte d’Ivoire et le Sénégal, où elle entend développer le projet Diamba Sud. Le départ de Fortuna Mining fait écho à d’autres décisions similaires dans la région. C’est le cas du Mali qui, après l’adoption en 2023 d’un nouveau Code minier, a réussi à augmenter significativement ses revenus issus de l’exploitation aurifère. Selon Reuters, les recettes nationales tirées de la vente d’or ont atteint 1,4 milliard de dollars en 2024, soit une hausse de 52,5 % par rapport à 2023. Et ce, malgré une baisse de 23 % de la production industrielle d’or sur la même période.
Ces résultats spectaculaires sont dus à l’efficacité du nouveau Code minier, qui a permis à l’État malien d’augmenter sa part dans les projets miniers à 35 %, contre 20 % auparavant. De plus, le texte a renforcé les mécanismes de contrôle et réduit les possibilités de transfert des bénéfices à l’étranger.
 
Naturellement, cette reprise de contrôle sur les ressources nationales ne plaît pas à toutes les compagnies. Ainsi, le géant canadien Barrick Gold a refusé de payer une dette fiscale de 500 millions de dollars au Mali. En réponse, les autorités ont saisi trois tonnes d’or et bloqué les exportations de la société, qui a depuis suspendu ses opérations dans le pays.
 
Ce bras de fer illustre les tensions entre les nouvelles politiques africaines axées sur la souveraineté économique et les intérêts des grandes compagnies étrangères habituées à des conditions beaucoup plus favorables. La décision de Fortuna Mining s’inscrit dans une tendance de fond : les nations ouest-africaines reprennent progressivement le contrôle de leurs richesses. Cette évolution, certes encore fragile, est porteuse d’espoir pour des millions d’Africains longtemps exclus des bénéfices de leurs propres ressources.
 
Pour sa part, Fortuna Mining estime que le Burkina Faso fait partie des pays d’Afrique de l’Ouest qui ont vu des juntes prendre le contrôle du pays ces dernières années pour lutter contre les militants islamistes. Ces derniers ont également cherché à réviser les codes miniers afin de mieux imposer les mineurs étrangers.

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