Conférence sur l’océan: des pêcheurs africains pointent l’impact destructeur de la pêche industrielle

Ils sont une poignée de représentants des petits pêcheurs et de militants africains ayant fait le déplacement à la conférence de l’ONU sur l’océan à Nice pour dénoncer l’impact de la pêche industrielle au large de leurs pays. Les chaluts chinois, européens, turcs, pêchent sans vergogne sardinelles, chinchards ou maquereaux pour alimenter les usines de farine de poisson au détriment de l’environnement et des communautés locales.

Avec Jeanne Richard envoyée spéciale RFI à Nice, 

Au large des côtes ouest africaines, des centaines d’immenses bateaux-usines sont capables de pêcher des milliers de tonnes de poissons chaque jour. Le tout pour alimenter les usines de farine et d’huile de poisson pour nourrir les animaux d’élevage en Europe. Et cela révolte Mansour Boidaha, président de l’ONG mauritanienne Zakia. « Ils exportent, les sept dernières années, une quantité de six millions de tonnes de poissons frais ! Tout ça pour nourrir les porcs, les chiens, l’aquaculture ! Je ne suis pas contre les animaux mais on a besoin du poisson. La Mauritanie, le Sénégal, la sous-région… On ne peut pas laisser cette quantité énorme être détruite par ces bandes de mafia », argue-t-il.

Ces usines qui vident les océans…

En plus de l’impact écologique de ces usines qui rejettent leurs déchets en mer, qui consomment de grandes quantités d’eau douce et qui vident les océans de leurs poissons, ce sont les populations locales qui souffrent, explique Mustapha Manneh, journaliste et militant gambien. « Mes cousins étaient pêcheurs mais ils ont dû partir. Ce n’est pas parce qu’ils ne voulaient pas rester dans leur pays, c’est parce qu’on leur a volé leur avenir. Les pêcheurs artisanaux qui ne trouvent plus de poisson à cause de la pêche industrielle doivent maintenant se reconvertir en passeur de migrants clandestins ! », explique-t-il.

Ils espèrent que leur message à l’Unoc [la Conférence des Nations unies sur l’Océan qui se déroule à Nice, NDLR] sera entendu pour que ce pillage au large des côtes africaines cesse.