Alors que tous les yeux sont rivés vers la Chine, un sous-variant sévit aux États-Unis: “Il pourrait arriver chez nous”

Alors que l’épidémie de grippe fait rage en Belgique, une nouvelle menace pourrait faire son apparition. En effet, un sous-variant du Covid-19 est en train de prendre le dessus de l’autre côté de l’Atlantique, aux États-Unis. Et celui-ci se répandrait à une vitesse fulgurante. Ce nouveau mutant pourrait-il être plus infectieux et contourner notre immunité? Allons-nous faire face à un regain des cas de coronavirus? Le virologue Steven Van Gucht (Sciensano) s’attend bel et bien à une nouvelle vague après les vacances de Noël. “C’est une combinaison de deux variants d’Omicron”, confie-t-il à nos confrères d’HLN.

Tous les yeux sont rivés vers la Chine, qui fait actuellement face à un nombre de cas Covid record. À juste titre?

Steven Van Gucht: “La Chine est en effet sous les projecteurs, mais, selon les données dont nous disposons, les variants y circulant sont de vieilles mutations. Cela a également été confirmé par des sources indépendantes. La menace pourrait néanmoins venir des États-Unis, où un nouveau mutant est apparu. Le nombre d’infections par XBB.1.5, nom provisoire du variant, augmente rapidement.”

Ce variant représenterait près de la moitié des infections aux États-Unis. Et près de trois quarts des nouveaux cas de Covid dans l’État de New York. Cela signifie-t-il que la rapidité de propagation de XBB.1.5 est plus grande que les autres versions d’Omicron?

“Ce mutant n’est pas forcément super contagieux. C’est tout à fait logique que le petit nouveau fasse son bout de chemin, puisque les vieux variants s’affaiblissent. Par ailleurs, les nombreuses fêtes n’ont pas aidé, les gens ayant eu beaucoup plus de contacts, ce qui a comme conséquence un plus grand nombre d’infections. La bonne nouvelle, c’est que XBB.1.5 est un variant d’Omicron. Je ne me fais pas tellement de souci.”

XBB.1.5 est un dérivé de XBB, lui-même mélange de deux variants issus d’Omicron…

“Oui, XBB.1.5 est né chez un patient, aux États-Unis, qui était infecté par deux variants différents d’Omicron. C’est ce qu’on appelle un recombinant. Ce n’est pas inhabituel. Il n’est pas rare que deux d’entre eux se retrouvent dans la même cellule et combinent leur matériel génétique. Le sous-variant a par la suite subi encore d’autres mutations génétiques. XBB.1.5 peut facilement se lier aux récepteurs des cellules humaines, lui permettant de fortement se propager.”

Ce mutant pourrait-il donc aisément contourner notre immunité, développée suite à une infection ou obtenue via le vaccin?

“XBB.1.5 peut effectivement échapper à la vigilance de notre immunité, et nous infecter, mais c’est également le cas d’autres variants. L’infection ne peut être exclue, mais la vaccination nous protège contre les formes plus sévères de la maladie. Ce variant est-il plus pathogène que ses prédécesseurs? Il est encore trop tôt pour le dire. Mais il semblerait que non: jusqu’ici, nous n’avons pas encore d’élément allant en ce sens.”

XBB.1.5 a déjà passé la frontière de nos voisins français, néerlandais et allemands. N’est-ce qu’une question de temps avant qu’il n’arrive chez nous?

“Il n’y a, pour l’instant, eu aucune alerte. C’est tout à fait possible que ce variant vienne également toquer à notre porte, mais ce n’est pas nécessairement toujours le cas. Je pense néanmoins que les contaminations vont augmenter dans le mois à venir. On verra bien quel variant sera responsable de ces infections.”

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Illustratiebeeld. © REUTERS

Quels mutants circulent actuellement en Belgique?

“Pour l’instant, il s’agit d’un mix de variants d’Omicron. C’est une bonne nouvelle. Cela veut dire que les différences entre les mutations ne sont pas si grandes. Il n’y a donc pas de mutant qui pourrait évincer les autres. En d’autres termes, il n’y a pas de variant d’Omicron qui ait le potentiel de recréer un grand sursaut épidémique.”

Je m’attends à ce que les infections par la grippe augmentent dans les prochaines semaines, et qu’il y ait plus d’admissions à l’hôpitalSteven Van Gucht, Sciensano

Vous alertez pourtant sur une nouvelle vague après les fêtes de Noël. Pourquoi?

“Nous nous attendions à une stabilisation du nombre d’infections durant les vacances. C’est ce qu’il s’est passé. Le nombre d’hospitalisations et de personnes en soins intensifs a diminué. Mais je pense tout de même qu’une nouvelle vague va faire son apparition en janvier, avec les écoles qui rouvrent et les réceptions du Nouvel An qui sont encore au programme. Mais cela ne veut pas dire que nous devons craindre une saturation des hôpitaux.”

Qu’en est-il de la propagation d’autres maladies infectieuses telles que le VRS et la grippe?

“Les infections dues au VRS étaient à la hausse en novembre et décembre, mais sont en train de baisser. C’est une bonne nouvelle. En effet, c’est le virus qui a causé le plus de problèmes. Nous devons néanmoins voir comment la situation va évoluer une fois que les enfants vont retourner à l’école ou à la crèche.

Quant à la grippe, le nombre de cas augmente, et cela va probablement continuer, étant donné que nous ne sommes qu’au début de l’épidémie. Je m’attends à ce que les infections par la grippe augmentent dans les prochaines semaines, et qu’il y ait plus d’admissions à l’hôpital.”

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