«reconnaissance mutuelle» Israël-Palestine, Macron et Prabowo appellent à des «progrès»

La France et l’Indonésie ont appelé ensemble, mercredi 28 mai, à des « progrès » en juin vers une « reconnaissance mutuelle entre Israël et Palestine », lors d’une visite d’Emmanuel Macron à Jakarta où il entendait embarquer le pays à majorité musulmane le plus peuplé au monde dans ses efforts diplomatiques.

« L’Indonésie a indiqué qu’une fois qu’Israël aura reconnu la Palestine, elle sera prête à reconnaître Israël et à établir des relations diplomatiques, a déclaré devant les caméras le président indonésien Prabowo Subianto aux côtés de son homologue français, après un long entretien en tête-à-tête. La solution à deux États et la liberté de la Palestine sont la seule voie vers une paix véritable », a-t-il martelé. Dans ce cadre, « nous devons reconnaître et garantir les droits d’Israël en tant que pays souverain, auquel il faut prêter attention et dont la sécurité doit être garantie », a-t-il ajouté.

Mais comment décrypter ces déclarations ? S’agit-il d’une rupture dans la diplomatie indonésienne où l’opinion publique est fortement engagée du côté des Palestiniens ? Éléments de réponse avec Delphine Allès, professeure de sciences politiques, chercheuse au Centre sur l’Asie du Sud-Est et vice-présidente de l’Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco) :

[Prabowo] a fortement conditionné la reconnaissance internationale d’un État de Palestine. C’est une déclaration qui va plus loin que ce qu’il avait pu dire ainsi que ses prédécesseurs, mais qui se situe dans la continuité d’une tradition de politique étrangère indonésienne qui reste attachée à la solution à deux États.

Analyse de Delphine Allès, professeure de sciences politiques et vice-présidente de l’InalcoNicolas Rocca

L’Indonésie défend cette solution de longue date, mais n’entretient pas à ce jour de relations avec Israël. Même si l’engagement de mercredi reste très hypothétique à ce stade, la déclaration forte du président Prabowo constitue un rare pas en ce sens, dans un pays où l’opinion est très sensible à la situation des Palestiniens à Gaza. Les deux pays ont publié une déclaration conjointe condamnant les plans israéliens de prise de contrôle du territoire palestinien assiégé et tout « déplacement forcé de la population palestinienne ».

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Mais ils ont aussi souhaité de concert que la conférence internationale que la France et l’Arabie saoudite coprésideront en juin à l’ONU sur la question débouche sur une « feuille de route crédible » et des « progrès » vers une « reconnaissance mutuelle entre Israël et Palestine ». Et favorise une dynamique « vers une reconnaissance de l’État de Palestine par tous les pays avec des garanties de sécurité pour tous ».

L’Élysée se félicite de ce message diplomatique commun, et assurait avant la rencontre que « tous les pas […] en direction d’une reconnaissance mutuelle » sont « des pas de géant au vu de la situation actuelle à Gaza ». Car dans sa « détermination » à reconnaître un État de Palestine, potentiellement dès juin, Emmanuel Macron espère en contrepartie obtenir des gages des pays arabo-musulmans. « Je sais toute l’émotion suscitée par cette guerre » israélo-palestinienne « et les questions parfois sur la position de l’Europe et de la France », a dit Emmanuel Macron après avoir été accueilli en grande pompe par son homologue, qu’il a qualifié de « frère ».

Pas d’annonce d’achat de Rafale

Au-delà, il a fait du renforcement du partenariat franco-indonésien « dans tous les domaines, défense et sécurité, économie, culture » l’exemple de ce qu’il souhaite pour la France avec tous les pays de l’Asie du Sud-Est. Au niveau des accords commerciaux, l’Élysée en a évoqué des dizaines, mais rien de marquant, indique notre envoyé spécial à Jakarta, Nicolas Rocca. Sur la défense, où l’on attendait un éventuel nouvel achat de Rafale par l’Indonésie, pas de nouvelles.

Emmanuel Macron a juste assuré que cette visite permettrait d’ouvrir de nouvelles perspectives de ventes « de sous-marins Scorpène, de Rafale et de corvettes légères ». Peut-être des perspectives qui se concluront à l’issue de la visite de Prabowo Subianto en France, invité au défilé du 14-Juillet à Paris. D’autres annonces, parmi lesquelles un contrat signé par l’entreprise minière Eramet, déjà présente en Indonésie, pays au sous-sol extrêmement riche en nickel et en métal.

À l’occasion de cette visite d’État, le ministre français des Armées a annoncé la signature, avec son homologue indonésien Sjafrie Sjamsoeddin, d’une « lettre d’intention » portant sur l’acquisition future de « Rafale supplémentaires à Dassault, de frégates légères et sous-marins Scorpène supplémentaires à Naval Group et de canons Caesar supplémentaires et leurs munitions à KNDS France », a indiqué Sébastien Lecornu sur le réseau social X. Aucun chiffre ni calendrier n’a été précisé.

Les deux pays ont en tout cas annoncé un accroissement de leur coopération de défense alors que l’Indonésie s’est fournie, par le passé, notamment en Russie pour ses avions de chasse.

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