La presse turque divisée au lendemain de la dissolution du PKK

En Turquie, le président Erdogan s’est félicité lundi du franchissement d’une « étape critique » après que le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) a annoncé son désarmement et sa dissolution. Cette décision, prise après un demi-siècle de guerre contre l’État turc, divise – comme toujours – la presse locale en deux camps.

Avec Anne Andlauer correspondante RFI à Ankara, 

Après la dissolution du PKK annoncée lundi, qui fait suite à un appel en ce sens de fondateur actuellement emprisonné, Abdullah Öcalan, les journaux pro-gouvernement se sont évidemment félicités de la victoire de la Turquie contre le terrorisme. « Game over » titre Milliyet, au-dessus d’une photo de chefs militaires du PKK, dont le parti menait une guerre contre l’État turc. 

« Un avenir radieux nous attend », pour Sabah, qui avance un chiffre : 2000 milliards de dollars. C’est ce que la guerre aurait coûté à la Turquie, qui s’apprêterait désormais à vivre « des développements historiques dans les secteurs de l’agriculture, du tourisme et de l’énergie ». « L’ère de 50 ans de terrorisme s’est refermée », veut croire Hürriyet, sur le même ton optimiste que le reste des journaux proches du président Erdogan.

Plus de PKK, et maintenant ?

Du côté de la presse d’opposition, l’heure est plutôt aux doutes ou aux mises en garde. « Le pouvoir n’a pas tardé à révéler ses intentions », selon BirGün, qui juge que Tayyip Erdogan va utiliser la disparition du PKK non pas pour « assurer la paix sociale » mais pour consolider son pouvoir.

« Plus aucun prétexte », écrit Evrensel, qui explique que le pouvoir n’a plus l’alibi du terrorisme pour « refuser les demandes démocratiques, à commencer par celles du peuple kurde ». Sözcü, enfin, accuse le PKK de mettre fin à sa lutte en Turquie pour mieux se développer dans le nord-est de la Syrie, où les forces kurdes proches du PKK contrôlent environ un tiers du territoire.

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