Présidentielle en Côte d’Ivoire: le principal parti d’opposition vote pour Thiam candidat mercredi
Par Marietou BÂ © 2025 AFP La course à la présidentielle s’accélère en Côte d’Ivoire à six mois du scrutin: Tidjane Thiam, ancien ministre et banquier international, doit être élu mercredi candidat du principal parti d’opposition, lors d’une convention à laquelle il est le seul à s’être présenté.
M. Thiam, actuellement hors du pays, est toutefois bousculé par une polémique sur sa nationalité. Plus largement, des tensions émergent dans le paysage politique, notamment liées à l’inéligibilité de trois opposants, dont l’ancien président Laurent Gbagbo.
Plusieurs milliers de militants du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) – seulement des membres d’organes décisionnaires – sont attendus mercredi pour voter dans quelque 400 bureaux installés dans tout le pays.
Les résultats devraient être proclamés dans la soirée, même si le suspens reste limité avec M. Thiam comme seul candidat.
« Il y a un enjeu à cette convention, c’est la mobilisation. La confirmation de Thiam comme le choix du PDCI va lui permettre d’avoir plus de légitimité pour engager son projet et sa bataille », estime le chef de file des députés PDCI, Simon Doho.
L’ancien ministre ivoirien du Commerce et actuel député Jean-Louis Billon, également candidat déclaré à la présidentielle, ne s’est finalement pas aligné dans la bataille, dénonçant notamment auprès de l’AFP les modalités d’organisation de la convention.
« La convention était vraiment ouverte. Toutes les conditions ont été réunies pour la transparence », répond un cadre du parti.
En parallèle, la campagne de Tidjane Thiam est parasitée depuis plusieurs semaines par une polémique concernant sa nationalité.
Né en Côte d’Ivoire, il a acquis la nationalité française en 1987 et y a renoncé en mars dernier, afin de se présenter à la présidentielle, scrutin pour laquelle un candidat ne peut être binational.
Mais selon ses détracteurs, l’acquisition d’une autre nationalité l’a automatiquement déchu de sa nationalité ivoirienne, en vertu de l’article 48 du code de la nationalité, datant des années 1960.
Le PDCI a dénoncé des « manœuvres » du pouvoir afin d’empêcher M. Thiam d’être candidat.
« Le fait même de faire naître cette menace sur sa nationalité, même si ça ne va pas au bout, c’est grave. C’est un recul de notre société, ça ne peut être une voie d’avenir », a affirmé à l’AFP Simon Doho.
Selon lui, le parti qui n’est plus au pouvoir depuis 25 ans « a des chances de pouvoir l’emporter. Les militants y croient ».
Mais pour le politologue Geoffroy Kouao, M. Thiam n’est pas « bien connu des Ivoiriens » et « le PDCI doit redoubler d’efforts en termes de communication politique et de rencontres ».
Le chef du PDCI, âgé de 62 ans, a été absent du pays pendant plus de 20 ans pour une carrière à l’étranger à la tête de puissantes sociétés comme Aviva, Prudential ou encore Credit Suisse.
« Escalade verbale »
En parallèle, des tensions montent dans l’opposition, qui multiplie les meetings, à Abidjan et dans les plus petites villes.
Trois figures de la politique ivoirienne ont affirmé leur intention d’être candidates à la présidentielle, mais sont inéligibles en raison de condamnations judiciaires.

L’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo lors d’un rassemblement devant ses supporteurs à Dabou le 12 avril 2025
AFP
Issouf SANOGO
Il s’agit de l’ancien président Laurent Gbagbo (2000-2011), investi par le Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI), de son ancien bras droit Charles Blé Goudé, chef du Congrès pour la justice et l’égalité des peuples (COJEP), et de l’ancien Premier ministre et chef rebelle Guillaume Soro, en exil.
Leur nom n’apparaît pas sur la liste électorale provisoire, dont la version définitive sera publiée en juin.
En outre, le PDCI de Thiam et le PPA-CI de Gbagbo ont récemment annoncé suspendre leur participation à la Commission électorale indépendante (CEI), en dénonçant le manque d’indépendance de cet organe chargé d’organiser les élections.
« Le scrutin du 25 octobre est mal parti », estime Geoffroy Kouao: « On assiste à une escalade verbale entre les acteurs politiques. Le désordre électoral s’installe à mesure qu’on approche du jour du scrutin ».
Parmi les personnalités éligibles, se sont déclarés candidats l’ex-Premier ministre Pascal Affi N’Guessan et l’ancienne Première dame Simone Ehivet Gbagbo.
Ils ont créé une coalition avec M. Blé Goudé et M. Thiam début mars, pour réclamer un dialogue politique.
De son côté, le président Alassane Ouattara, 83 ans, n’a pas indiqué s’il comptait ou non briguer un quatrième mandat mais s’est dit en janvier « désireux de continuer à servir son pays ». Son parti assure qu’il sera bientôt investi candidat.