Force Covid – Plus de 10 personnes en garde à vue : La fièvre monte chez les anciens Dage
Hier, plus d’une dizaine de personnes dont les ex-Dage des ministères des Sports, de la Jeunesse, des artistes, ont été placées en garde à vue dans le cadre du traitement du dossier du rapport de la Cour des comptes sur le fonds Covid-19. Elles devraient être déférées au Pjf dans les prochaines heures.
La fièvre monte dans le traitement du dossier du fonds Covid 19 révélé par la Cour des comptes. La Division des investigations criminelles (Dic) a auditionné, ces dernières heures, plusieurs personnalités et placé en garde à vue plus d’une dizaine de personnes composées d’artistes, de stylistes, comme Baba Amdy, Sadiya Guèye, Abdou Aziz. Il y a aussi les nommés Souleymane Ba, Ndary Touré, Bassirou Fall, Mme Fatou Faty, Djibril Kane, Samba Fall, Mamadou Mountaga Ba et les anciens Directeurs de l’administration générale et de l’équipement (Dage) des ministères de la Jeunesse et des Sports, à savoir Mouhamadou Séne et Mamadou Ngom Niang.
Tout ce beau monde va être déféré au niveau du Pjf pour détournements supposés de deniers publics dans le cadre de la gestion de cette affaire révélée par la Cour des comptes. D’une personnalité à l’autre, les montants à eux reprochés varient, alors que l’affaire traîne depuis plusieurs mois.
Il s’agirait d’une relance de ce dossier qui fait partie de l’un des héritages les plus explosifs du régime Sall. Si le traitement du dossier avait débuté après qu’un soit-transmis a été donné à la Division des investigations criminelles (Dic), suivi d’un défilé de certaines personnalités épinglées par le rapport sur le fonds Covid-19, il était presque au point mort. Mais, la Dic, qui n’avait pas totalement bouclé ses enquêtes, a décidé d’accélérer la procédure sur instruction du Pjf, qui a été aussi sans doute mis sous pression par les autorités qui ont affiché publiquement leur agacement par rapport aux lenteurs notées dans leur traitement.
Déjà, certains fonctionnaires avaient été attraits devant la Chambre de discipline financière de la Cour des comptes pour des faits considérés comme des fautes de gestion.
Les conclusions du rapport de la Cour des comptes sur le fonds Covid-19 avaient ému le pays à cause de certaines révélations sur la gestion de cette manne financière. A l’époque, le gouvernement avait soutenu la polémique et avait voulu ramener le débat à de justes proportions. Il avait souligné que la Cour a fait, dans son document, «85 recommandations fort pertinentes, qui seront capitalisées et internalisées au titre des bonnes pratiques en matière de gouvernance des ressources publiques, dans des situations d’urgence et de crise». A côté de ces recommandations, certaines concernent des fautes de gestion qui ont été relevées et demandent à ce que les auteurs fassent l’objet d’instructions judiciaires. Et sur ce point, le gouvernement laisse l’initiative à la Cour des comptes. Lors d’une séance d’explications, il avait soutenu que sur les 1000 milliards du fonds Covid-19, seuls 6 milliards 686 millions 784 mille 410 francs CFA ont fait l’objet de réserves de la part des magistrats de la Cour des comptes. Donc, en valeur relative, 0, 4% du montant total. Et cette mauvaise utilisation aurait pour responsables, à la lecture du document de la Cour, des hauts fonctionnaires de 9 départements ministériels. Il s’agit, entre autres, des directeurs-chefs de service et des Dage en fonction à l’époque dans les ministères de la Santé, de la Microfinance et de l’économie solidaire, des Mines et de la géologie, du Développement communautaire et de l’équité sociale, de la Jeunesse, du Commerce, de la Femme et de la famille, ainsi que ceux de la Culture et de la communication.
Les faits qui leur sont reprochés sont de natures diverses et vont, entre autres, de «défaut de justification des dépenses» ou «absence de pièces justificatives» relatives à des dépenses à «des paiements sans service fait», en passant par des «surfacturations» pour l’acquisition de certains produits. Sans oublier certains paiements en espèces pour des achats, ce qui est contraire à la règle dans l’Administration publique. Il faut savoir que sur les 1000 milliards du fonds Covid-19 dont il est question, 628 milliards de Cfa étaient tirés du Trésor public, tandis que pour 372 milliards, il s’agissait de mesures de renonciations fiscales visant à permettre à des entreprises privées nationales de pouvoir supporter le choc de la perte de leurs activités économiques et de ne pas mettre la clé sous le paillasson durant la période du Covid-19.
Le fonds Covid-19 devait permettre la mise en œuvre du Programme de résilience économique et sociale (Pres) en ses 4 axes, à savoir le soutien au secteur de la santé, le renforcement de la résilience de la population et de la cohésion sociale, la sauvegarde de la stabilité macroéconomique et financière, ainsi que la sécurisation de l’approvisionnement et de la distribution des denrées alimentaires, des médicaments et de l’énergie.
Par B. SAKHO – [email protected]