« Nous réclamons nos droits » : en Afghanistan, des femmes manifestent
Quelques femmes afghanes ont manifesté jeudi 22 décembre à Kaboul contre le régime taliban qui leur interdit d’étudier à l’université. Certaines manifestantes ont été arrêtées tandis que plusieurs enseignants masculins ont donné leur démission, appelant leurs confrères à travers le pays à faire de même.
Avec notre correspondante régionale, Sonia Ghezali – RFI
« L’éducation est notre droit, ne nous l’enlevez pas », scandent quelques dizaines de jeunes femmes en marchant dans un quartier de Kaboul. Sur les vidéos qu’elles partagent sur les réseaux sociaux, on les voit brandir des feuilles sur lesquelles elles ont écrit à la main « nous réclamons nos droits fondamentaux » ou encore « venez en aide aux filles afghanes ».
Au bout de quelques minutes, des talibans dispersent le groupe. L’une des manifestantes se confie sous couvert d’anonymat : « Les talibans ne nous ont pas autorisées à continuer. Ils ont arrêté quatre manifestantes, deux seulement ont été libérées depuis. Il y avait aussi des policières avec les talibans. Elles se sont mises à nous frapper ».
« Tuez-moi, l’éducation est plus importante que ma vie »
L’une des femmes arrêtées a réussi à envoyer une vidéo enregistrée dans le pick-up de la police à l’insu des talibans. « Pourquoi vous avez fermé les universités ? », lance une manifestante. « Pourquoi vous nous emmenez au poste de police ? », demande une autre. « Je jure de vous tuer ici même », menace un homme. « Tuez-moi, l’éducation est plus importante que ma vie. Si vous voulez nous tuer, pourquoi vous ne l’avez-vous pas fait dans la rue ? », rétorque une femme.
Les proches de ces deux manifestantes sont toujours sans nouvelles. Ce jeudi soir, dans une interview télévisée, le ministre afghan par intérim de l’Enseignement supérieur a justifié la fermeture des universités aux filles par, entre autres, le non-respect du port du hijab par les étudiantes et la ségrégation insuffisante des sexes dans les universités.