France-Algérie : tensions autour des visas
Depuis quelques semaines, l’ombre d’une nouvelle « guerre des visas » plane entre Paris et Alger, en crise diplomatique après plusieurs déclarations musclées de responsables politiques français. Ces dernières ont conduit l’Algérie à dénoncer l’influence en France d’une « extrême droite revancharde ».
« A chaque fois qu’il y a une crise entre la France et l’Algérie, la principale mesure de rétorsion, c’est sur l’immigration », rappelle Serge Slama, professeur de droit à l’université Grenoble-Alpes.
Les rapports entre les deux pays se sont dégradés après l’annonce fin juillet par Paris d’un soutien au plan d’autonomie marocain au Sahara occidental, territoire au statut non défini à l’ONU et théâtre d’un conflit depuis un demi-siècle entre le Maroc et les indépendantistes sahraouis du Front Polisario, soutenus par Alger.
La brouille s’est amplifiée avec la détention en Algérie de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal puis l’arrestation en France de plusieurs influenceurs algériens et franco-algériens pour apologie de la violence.
« Je suis favorable à des mesures fortes, car sans rapport de forces, on n’y arrivera pas », a lancé dimanche le ministre français de l’Intérieur Bruno Retailleau, qui estime que l’accord de 1968 fixant les conditions d’entrée en France des Algériens -que Paris juge favorables par rapport aux autres pays- doit être revu.
Pour Bruno Retailleau, l’Algérie ne délivre en outre pas assez de laissez-passer consulaires, document indispensable pour renvoyer dans son pays d’origine une personne en situation irrégulière en France.
Toutefois, dans la crise actuelle, ni Alger, ni Paris n’ont encore utilisé l’arme migratoire, brandie déjà à d’innombrables reprises par le passé.
Comme en 2021, où la France avait réduit drastiquement le nombre de visas accordés aux Algériens – ainsi qu’aux Marocains et aux Tunisiens -, estimant que leurs gouvernants, déjà, ne faisaient pas assez d’efforts pour réadmettre leurs ressortissants expulsés de France.