L’Inde et la Chine ne veulent plus du pétrole russe
Poutine voit son économie vaciller et s’inquiète – Après deux ans à défier les sanctions occidentales et à nourrir l’effort de guerre de Poutine, le pétrole russe ne fait plus recette. Les coûts d’exportation ont soudainement triplé, et les clients asiatiques rechignent à acheter. Et l’économie russe pourrait bien ne pas trouver la parade, cette fois-ci.
Matthias Bertrand – Source: Bloomberg, The Insider, Reuters
C’était la stratégie indirecte et à moyen terme du G7 pour soutenir l’Ukraine face à la Russie: plomber l’économie de cette dernière en mettant des bâtons dans les roues de ses exportations les plus rentables, et en particulier les hydrocarbures. La principale mesure reposait sur un plafond imposé au pétrole brut russe, qui n’était plus acheté qu’à 60 dollars le baril maximum. Au-dessus, le flux maritime n’avait plus accès aux services occidentaux, notamment les assurances.
La parade: les pétroliers russes “fantômes”
Mais Moscou avait toutefois trouvé la parade, en se trouvant de nouveaux acheteurs chinois et indiens, et en lançant toute une “flotte fantôme” de navires, souvent bons pour la casse mais indépendants des réseaux de fret occidentaux. Sauf que cette stratégie, qui a permis d’apporter de l’argent frais à la machine de guerre russe – au prix d’un gros investissement, ces navires n’étant pas gratuits – semble s’enrayer.
Alors que Moscou avait jusqu’ici réussi à vendre son pétrole à bas prix, le dernier paquet de sanctions mis en place par l’administration Biden a fait exploser les prix. Selon Bloomberg, le coût de transit d’une cargaison de pétrole brut russe vers la Chine est passé d’environ 1,5 million de dollars à plus de cinq millions en quelques semaines, soit le triple.
Ces sanctions ciblent, depuis le 10 janvier, 183 navires identifiés comme faisant partie de la “flotte fantôme”, détaille The Insider. Les banques qui fournissent des capitaux liés aux trajets de ces navires risquent des “sanctions secondaires”.
Des “sanctions secondaires” dissuasives
Et celles-ci s’avèrent dissuasives, avec des établissements chinois et indiens qui rechignent à débourser pour acheminer du pétrole russe. De même, les ports anciennement très tolérants envers les pétroliers du Kremlin leur ferment maintenant leurs eaux, de peur d’être sanctionnés. L’Office of Foreign Assets Control (OFAC) du département du Trésor américain a autorisé les ports à accepter les navires chargés avant le 10 janvier. La date limite de déchargement des pétroliers sanctionnés a été fixée au 27 février.
En conséquence, ces navires errent en mer d’un havre à l’autre, en attendant un acheteur. Et les coûts du transit augmentent, par la simple frilosité des banques qui détiennent les capitaux nécessaires au commerce.
Le pétrole russe n’est tout simplement plus si avantageux pour les clients asiatiques qui en étaient si friands l’année dernière. Et comme l’Union européenne a investi dans de nouveaux fournisseurs d’énergie, il est très peu probable qu’elle revienne à sa dépendance au pétrole et au gaz russe, même en cas de dégel diplomatique. La République tchèque a ainsi solennellement déclaré la semaine dernière qu’elle était sevrée de sa dépendance au pétrole russe.
Un plafond plus bas pour le pétrole russe
Six pays de l’UE ont demandé à la Commission européenne de réduire le plafond de prix imposé par le G7 ; la Suède, le Danemark, la Finlande et les trois États baltes estiment qu’il est temps de resserrer les sanctions économiques à l’encontre des exportations russes.
En parallèle, Reuters rapporte que la situation économique du pays tracasse Poutine, entre une production en berne par manque de main-d’œuvre et une inflation galopante nourrie par l’économie de guerre. Le budget de la défense absorbe à lui-seul 9% du PIB du pays. Cinq sources concordantes ont assuré à l’agence que le président russe s’inquiétait de la situation écoomiques, qui aurait à faire naître au sein d’une partie de l’élite russe l’idée qu’un règlement négocié de la guerre était souhaitable.
Et ces dernières sanctions en date avaient été mises en place par Biden. Maintenant que Trump est de retour à la Maison Blanche, il veut voir au plus vite Poutine à la table des négociations. Ce mercredi, il a assuré que dans le cas contraire, de nouvelles sanctions viendraient.