Bayrou prononce son DPG et espère éviter la censure

(RFI) – Un mois après sa nomination au poste de Premier ministre, François Bayrou va prononcer cet après midi sa déclaration de politique générale devant les députés. Un exercice qui s’apparente pour lui à une épreuve du feu dont l’enjeu est énorme puisque de sa prestation dépendra sa survie à Matignon.

Peser chaque mot pour essayer d’échapper à la censure qui avait frappé son prédécesseurMichel Barnier : tel est l’enjeu principal de la déclaration de politique générale que François Bayrou va prononcer devant les députés dans l’après midi de ce mardi 14 janvier.

Dans son discours qu’il prépare consciencieusement depuis son arrivée à Matignon, le Premier ministre va devoir trancher les sujets les plus sensibles, à commencer bien sûr par celui du budget. Pour s’extirper de la dépendance au Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen et de Jordan Bardella qui avait été fatale à Michel Barnier, le chef du gouvernement et ses ministres ont mené des consultations et négocié pendant plusieurs semaines pour trouver une voix de passage avec la gauche et obtenir de sa part un accord de non-censure. 

Un accord autour de la réforme des retraites ?

Celui-ci pourrait se sceller autour de la réforme des retraites dont le Parti socialiste (PS) demande la suspension, comme l’explique le député PS Inaki Echaniz : « Nous avons mis un certain nombre de propositions sur la table. Maintenant, c’est à eux d’en prendre acte et de nous dire « oui » ou « non », de fermer la porte ou pas, de préférer ou non aller négocier avec l’extrême droite », déclare celui-ci.

Le Premier ministre va-t-il franchir le cap et « suspendre » la réforme des retraites comme l’attend le PS, mais le redoutent les LR et une partie des macronistes qui s’interrogent sur la mise en œuvre d’une telle suspension ou va-t-il trouver une autre formule, interroge Valérie Gas du service politique de RFI. Comment va-t-il pouvoir obtenir un compromis avec la gauche sans renier la nécessité qu’il a lui-même portée depuis des années de réduire les déficits ?  

« Nous sommes peut-être à quelques heures d’un accord possible (…) Je pense que nous pouvons conclure », a estimé mardi matin le Premier secrétaire du parti socialiste (PS) Olivier Faure. Dans l’entourage du Premier ministre, on se veut un peu plus prudent, tout en soulignant « une volonté d’y arriver ».

Tenir les deux côtés de l’élastique politique

Toute la question est de savoir si le Premier ministre va oser franchir le cap au risque de s’attirer les foudres des Républicains (LR) qui, à l’instar de Philippe Juvin, député de la Droite républicaine, ne veulent pas en entendre parler. « L’annulation du système actuel, de la loi actuelle, c’est une folie et nous ne la soutiendrons pas », prévient ainsi ce dernier. 

Dans son discours, François Bayrou va donc devoir relever le défi de tenir les deux côtés de l’élastique politique sans qu’il ne craque, tout en composant avec un camp présidentiel lui-même prêt à piétiner ses initiatives trop « Macron incompatibles ». « Il n’y a pas que les retraites : il y a aussi beaucoup d’enjeux qui vont plus loin, qui relèvent de la fiscalité du capital. On a bien compris que la gauche voulait revenir – voire effacer – sept ans d’action du président de la République Emmanuel Macron mais il y a certaines choses sur lesquelles je ne souhaite pas qu’on revienne », a par exemple fait savoir Olivia Grégoire, députée Ensemble pour la République.

Quelle formule va donc trouver le chef du gouvernement ? Comment va-t-il pouvoir obtenir un compromis avec la gauche sans renier la nécessité qu’il porte lui-même depuis des années de réduire les déficits pour ne pas laisser peser le poids de la dette sur les générations futures ? Va-t-il trouver les mots justes pour apaiser ? Va-t-il faire la preuve qu’il a trouvé les clefs de la stabilité ? Réponse à partir de 14 heures TU à l’Assemblée…

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