Formalisation des groupements et accès au foncier : Les femmes au cœur des priorités de développement de Bonconto

Le projet Cadastre et sécurisation foncière au Sénégal (Procassef) intervient à Bonconto, commune située dans le département de Vélingara. Grâce à cette collaboration, dans les 3 prochains mois, cette commune devra arbitrer l’affectation de terres à usage agricole et d’habitation à des citoyens du Sénégal, en mettant à leur disposition, presque gratuitement, des titres de propriété dont la validité sera incontestable. Le maire de la commune a signé une convention dans ce sens avec le Procassef. Vendredi passé, une équipe de ce projet était dans cette commune pour partager des informations avec les populations et procéder à la formation d’une dizaine d’enquêteurs qui seront lancés dans les villages pour sensibiliser sur les intentions du projet, accompagner la commission domaniale du Conseil municipal, identifier les parcelles et leurs ayants droit, procéder aux levées topographiques puis les immatriculer. Dans la salle du foyer des jeunes de la localité qui a servi de lieu de rencontre, les femmes étaient majoritaires. Elles n’ont pas eu tort. «Le projet veut accorder 30% des terres aux femmes et aux jeunes filles. Les populations, avec ce projet, seront conscientisées à l’importance de mettre les femmes et les jeunes filles dans un titre de propriété, individuel ou collectif. La particularité de ce projet c’est de délivrer des titres de propriété collectifs ; c’est-à-dire mettre les noms de tous les ayants droit (hommes et femmes) sur un même acte d’affectation d’une parcelle à usage agricole ou d’habitation. Ce qui n’était pas le cas», a informé Sellé Cissé Diatta, expert foncier, chef de mission adjoint de l’opérateur foncier, le Cabinet Etat fat techsult Sénégal.

Le maire Ibrahima Diao, sous ce registre, a dit : «Dans ce projet, les femmes seront attributaires de terres au même titre que les hommes. Nous avons pour tradition de ne pas accorder de terres aux femmes, elles ne sont pas propriétaires des champs qu’elles exploitent. Ma conviction est que les femmes contribuent fortement à l’économie des ménages, à ce titre, elles méritent d’être encadrées, soutenues, orientées et qu’on leur facilite l’accès à la terre.»

A rappeler que les enquêteurs du Cabinet privé Etat fat techsult Sénégal, après les enquêtes sociales, les levées topographiques, l’immatriculation des terres et la formalisation des droits fonciers avec l’accompagnement du Conseil municipal, procéderont à l’affichage des informations collectées, à l’observation d’un temps d’attente pour la vérification des données par les populations, avant la validation sociale et l’approbation par l’autorité administrative. 12 communes de la région de Kolda sont enrôlées dans la phase-pilote de ce projet dont 9 dans le département de Vélingara et 3 à Kolda.

Vers la création de coopératives de femmes de Bonconto

Les femmes de la commune de Bonconto, centre-est du département de Vélingara, s’activent principalement dans l’agriculture, l’élevage, l’aviculture, le maraîchage, la savonnerie et la production de lait, selon le maire Ibrahima Diao. «Ces activités, malheureusement, les nourrissent à peine. Justement, parce qu’elles n’ont pas accès aux financements, faute d’une bonne organisation et de reconnaissance juridique des groupements existants», a encore révélé M. Diao.

Aussi, pour les aider à accéder aux financements de l’Etat et ceux de partenaires extérieurs, l’édile de la commune les a-t-il organisés et aidés à se formaliser. «Nous venons de procéder à la remise de 12 récépissés à autant de groupements féminins. 6 autres attendent leurs récépissés qui ne vont pas tarder à nous parvenir. Nous avons demandé à toutes les femmes de tous les villages de s’organiser et nous nous chargeons de leur chercher la reconnaissance juridique, sans bourse délier. C’est coûteux de se rendre régulièrement à Kolda (125 km) pour le dépôt des documents administratifs et payer tous les frais y afférents. Par le passé, beaucoup d’organisations de femmes n’ont pas pu boucler la procédure, faute d’argent ou ont été flouées par des intermédiaires», a renseigné Ibrahima Diao, au sortir d’une cérémonie de remise de documents de reconnaissance juridique à 12 groupements féminins. «Ces récépissés confèrent aux groupements bénéficiaires le statut de Groupement d’intérêt économique (Gie) et leur offrent l’opportunité de se lancer dans diverses activités entrepreneuriales», a ajouté cet expert en éducation d’une Ong de la place.

M. Diao a décliné ses ambitions pour les femmes de la commune. Il dit : «La commune étant divisée en 6 zones, les groupements de chaque zone seront regroupés dans des coopératives de femmes qui elles-mêmes (les coopératives) formeront une Union des femmes qui sera l’interlocutrice principale de la commune et des partenaires techniques et financiers. Ceci, ajouté à la construction prochaine de la Maison de la femme, permettra aux femmes de trouver des opportunités de formation, d’ouverture au monde et d’expression de leurs compétences et talents pour leur développement personnel et pour le développement de la commune.» Pour M. le maire, «les femmes contribuent pour plus de 70% dans l’économie des ménages. De ce fait, elles méritent d’être organisées, appuyées, accompagnées, orientées pour leur implication et participation efficiente au développement de la commune».

Les femmes ont bien apprécié l’idée et l’action généreuses du maire. Mme Ousseynatou Barry du village de Bonconto Fouta témoigne : «Nous n’y avions pas cru, du fait des nombreuses arnaques dont nous avions été victimes par le passé pour l’obtention de ce document. Avec ce document, nous pourrons développer nos activités à partir des financements que pourrions obtenir.»

Par Abdoulaye KAMARA (Correspondant) – LEQUOTIDIEN – [email protected]

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