Une opportunité d’emplois dans les épaves de véhicules

Les épaves de véhicules à Dakar sont visibles dans tous les coins et recoins de la capitale et aussi dans beaucoup d’autres endroits du pays. Les différents programmes d’assainissement devraient trouver le moyen de les intégrer dans les plans d’actions orientés vers la prise en compte de la problématique de l’assainissement, car elles peuvent servir dans la création d’emplois en conformité avec la dynamique du référentiel Sénégal 2050. Ces épaves, qui font partie des causes de la pollution visuelle, exposent les personnes à des dangers permanents. En effet, on les trouve sur tous les trottoirs, menaçant la sécurité des piétons, empêchant de stationner et de circuler, tout en rendant les rues, ruelles et espaces publics impraticables.

La pollution visuelle perturbe la fonctionnalité et la jouissance d’une zone donnée, limitant la capacité du système écologique au sens large, des humains aux animaux, à prospérer et à s’épanouir en son sein en raison des perturbations de leurs habitats naturels et artificiels.

Tout le monde est d’accord sur le fait que Dakar présente un visage peu enviable, pour ne pas dire hideux. Les boulevards et les grands axes, jadis propres et bien entretenus, bordés d’arbres élagués régulièrement, servent maintenant de dépotoirs de véhicules dont certains accusent une immobilisation sur place de plusieurs années. Dans certains quartiers, elles sont devant des maisons avec tous les dangers liés à la propension des enfants à jouer dans des véhicules abandonnés. Les décès d’enfants enregistres ces dernières années en sont la parfaite illustration. Nous pouvons cependant donner une deuxième vie à ces épaves qui défigurent et polluent grandement notre cadre de vie. Il suffit de recadrer le problème et de lui donner un contexte.

Le but final recherché est le développement de la filière «Fer» à haut potentiel de main-d’œuvre qui aura comme matière première ces épaves encombrantes. Dans un premier temps, il s’agira d’identifier un espace convenable qui sera le lieu d’implantation d’une grande fourrière apte à répondre aux sollicitations de toutes les municipalités (ou alors créer des points de collecte dans les régions). La police sera fortement impliquée dans le processus car la mise en fourrière relève de son autorité, étant entendu que la fourrière a pour but d’enlever les véhicules dont le stationnement est jugé abusif, c’est-à-dire dès lors qu’il dépasse sept (7) jours consécutifs sans bouger. Le travail de la police s’intéressera également aux voitures gênantes qui seront retenues à la fourrière sous surveillance jusqu’à décision de l’autorité, aux frais du propriétaire de la voiture (frais d’enlèvement et de parking). Pour les véhicules admis à la fourrière, la décision suivant l’avis d’un expert peut aller dans le sens de la remise en circulation ou de la destruction du véhicule.

C’est dans cette deuxième hypothèse que la perspective de création d’emplois peut valablement être considérée au regard des véhicules à détruire, avant un recyclage qui va permettre de recycler les ferrailles et les métaux. Par principe, tous les fers et métaux peuvent être recyclés. Du fait de leur grande utilisation dans notre vie quotidienne, il existe aujourd’hui des infrastructures pour recycler ces métaux en particulier. L’avantage des différents métaux est leur capacité à conserver leurs propriétés initiales, peu importe le nombre de recyclages, et c’est une bonne chose pour réduire l’impact carbone. Le recyclage des ferrailles et métaux commence par le tri suivi du nettoyage, du broyage et du découpage avant d’être compacté. Le produit rejoint alors la fonderie pour y être transformé en matière première. Plus exactement, le produit prend la forme de plaques, de bobines, de barres, de fils d’acier et d’aluminium afin d’être reconditionné en produit fini (couvercles d’égout, rampes, barrière, bancs publics, lampadaires, panneaux de signalisation routière, tableaux d’affichage et autres). Comme on peut le voir, les possibilités sont immenses et peuvent placer le Sénégal en position de fournisseur de ces produits finis dans la sous-région et même au-delà, si le travail est bien fait.

Au demeurant, avec les éléments qui seront préposés à la manipulation des engins d’enlèvement des épaves, le personnel d’administration de la fourrière et celui des différents ateliers, il est facile de se faire une idée sur le nombre d’emplois que ces épaves pourront générer.

Certes le travail semble gigantesque, mais la citation motivante pour oser démarrer un projet nous vient du sage chinois Lao-Tseu : «Un voyage de mille lieues commence toujours par un premier pas.»

Alioune FALL
108, Comico Mermoz

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *