États-Unis: vague de soutien pour Mangione

Les autorités américaines ont arrêté, lundi 9 décembre, Luigi Mangione accusé d’être l’auteur du meurtre du président d’une entreprise d’assurance santé. Sur les réseaux sociaux et pour certains Américains, l’accusé est érigé en héros, contre le pouvoir des entreprises privées d’assurance santé.

De Edward Maille correspondant à Atlanta, SOURCE RFI

Dès le meurtre du président de l’entreprise d’assurance santé UnitedHealthCare, Brian Thompson, des commentaires et blagues ont afflué les réseaux sociaux, se réjouissant de la nouvelle. Les messages s’attaquent aux entreprises d’assurance santé, critiquant leur coût important, et parfois, l’absence de prise en compte de certaines pathologies ou problèmes médicaux, dans un pays où la plus grande partie des personnes disposent d’une assurance santé privée.

L’auteur présumé du meurtre, Luigi Mangione, a été arrêté lundi 9 décembre en Pennsylvanie et a été inculpé. Les autorités ont trouvé un carnet dans lequel l’homme de 26 ans explique les raisons de son passage à l’acte, selon les informations du New York Times. « [Le meurtre] est précis, efficace et ne met pas en danger des personnes innocentes », aurait-il écrit.

Cet acte a suscité une vague de soutien sur internet et auprès de certains Américains, allant jusqu’à qualifier l’accusé de héros. L’entreprise UnitedHealth Group, la maison mère de la filiale dirigée par le président tué, a publié sur Facebook un message exprimant sa tristesse. 62 000 internautes ont réagi à la publication, dont 57 000 avec un émoji qui rit. L’avocat de l’accusé a dit, dans une interview à la chaîne de télévision CNN, que son cabinet avait reçu des offres pour payer les factures.

« Combien de familles ont été détruites par cet homme et ses politiques »

« C’est un espoir, vous savez, Bonnie et Clyde étaient des héros populaires, ils volaient aux riches et donnaient aux pauvres, ça fait partie de notre culture. C’est comme ça que naissent les héros populaires, et Luigi Mangione va en devenir un », estime Travis, 40 ans, qui se promène à Atlanta, dans le sud-est du pays, avec un ami. Si Luigi Mangione est jugé coupable, Travis espère une faible peine, car il soutient complètement les motivations du jeune homme. « Ce qui l’a mené à ça, c’est la souffrance, elle dépasse le paysage politique aux États-Unis. On est nombreux à ressentir cette souffrance », continue-t-il.

« Les médias américains ont vite dit que le meurtre était la pire chose possible, que cet homme avait une famille. Mais combien de familles ont été détruites par cet homme et ses politiques ? Le système de santé aux États-Unis est en lambeaux, car il est pour le profit et la destruction des gens qui doivent le subir. On parle souvent de la gauche et de la droite, et comment on est très divisés, mais là, on a vu sur des internautes féliciter cet homme », se réjouit le quadragénaire. Il espère que l’avocat de la défense parvient à politiser cette affaire et organiser des manifestations contre le système de santé.

« Ce n’est pas un héros, clairement pas »

À quelques pas de Travis, Michelle, 47 ans, critique le recours au meurtre, « mais comprend totalement ses raisons. Les compagnies d’assurances ici sont très maléfiques et elles refusent des demandes de clients qui ont besoin de traitement ou de soins pour sauver leur vie », regrette-t-elle. Ismael, 47 ans, est très loin de partager cette position. « Ce n’est pas un héros, clairement pas. Un meurtre est un meurtre, il faut en payer le prix, peu importe la raison. Il a pris la vie de quelqu’un », dit-il.

L’avocat new-yorkais Benjamin Brafman a expliqué au New York Times qu’il estime qu’il y a une quantité de preuves « écrasante » contre l’accusé, mais que le travail des procureurs ne sera pas si simple. Il faudra sélectionner les membres d’un jury populaire pour le procès et en trouver qui n’ont pas eu de problèmes avec des entreprises d’assurances santé. « Je pense que la plupart des gens, quand interrogés sur cette question, diront « Oui, j’ai eu affaire avec une entreprise d’assurance santé avec laquelle je n’étais pas content ». Mais [ces personnes] ne sont pas pour autant sortit pour aller exécuter le chef d’une entreprise d’assurance. »

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