Inondations en Espagne: des situations très variables

En Espagne, deux semaines après les inondations meurtrières, les sinistrés connaissent diverses situations. Certains voient leurs rues déblayées et leurs écoles rouvrir. D’autres dépendent toujours des chaînes d’approvisionnement de vivres et attendent que les carcasses de voitures ne jonchent plus les voies de circulation.

Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a assuré lundi que le « débat politique » sur la mauvaise gestion des inondations meurtrières du 29 octobre devait attendre. La priorité allant à la « reconstruction », pour laquelle il a annoncé 3,8 milliards d’euros de nouvelles aides.

Priorité donc aux parents des victimes, à ceux qui recherchent les gens disparus. Priorité aux aides logistiques, aux travaux de nettoyage des rues envahies par la boue et les décombres… Mais ce discours de Pedro Sanchez commence à prendre l’eau aussi.

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Tout d’abord parce que des milliers de gens affectés manifestent leurs colère car ils se sentent seuls, désemparés lorsque les secours ne sont pas arrivés, d’autant que des activistes complotistes attisent leur ressentiment avec de fausses informations. Ensuite parce que l’opposition de droite accuse le pouvoir en place de ne pas avoir pris plus tôt les rênes des secours et des aides. Enfin parce que les médias ont eux entamé le débat sur leurs responsabilités réciproques. En particulier celle du président régional libéral Carlos Mazón, qui le 29 octobre, le jour fatidique, avait réagi très tardivement à une tragédie évidente. Un Carlos Mazón qui a déjà annoncé un remaniement de son exécutif, une façon indirecte de reconnaitre ses torts, rapporte notre correspondant à Madrid, François Musseau.

À Valence, des dizaines de milliers de manifestants ont défilé, samedi 9 novembre 2024, pour exiger à nouveau la démission de Carlos Mazón, le président de la région, accusé de négligences graves dans la gestion des inondations meurtrières des 29 et 30 octobre.
À Valence, des dizaines de milliers de manifestants ont défilé, samedi 9 novembre 2024, pour exiger à nouveau la démission de Carlos Mazón, le président de la région, accusé de négligences graves dans la gestion des inondations meurtrières des 29 et 30 octobre. REUTERS – Eva Manez

Des situations très variables selon les lieux

Deux semaines après la crue qui a fait au moins 222 morts, selon un bilan encore provisoire, les situations des sinistrés sont encore très variables. Dans la ville où vit sa mère, près de Valence, il y a du mieux, selon Jaume Alarcon Ridaura, joint au téléphone par Pauline Gleize, du service Environnement. Pendant plusieurs jours, la porte de son immeuble était condamnée par des carcasses de voitures. « On remarque, les jours passant, qu’avec les militaires, il n’y a pratiquement plus de voitures dans les rues, raconte-t-il. Il y a beaucoup moins de déchets, très peu de boue. ». Les parkings ont été transformés en casse-autos, « toutes les voitures sont les unes sur les autres. Ce sont celles qui étaient éparpillées dans la rue ou dans un arbre… Maintenant, elles ont toutes été mises au même endroit. »

Mais en dehors des grandes villes, les magasins ne rouvrent qu’au compte-gouttes dans certaines localités. « Ils dépendent encore beaucoup de ce qui vient de Valence, déplore Ana Delia Militaru, la compagne de Jaume. Il y a des communes, comme Benetúser, où les gens affectés vivent avec ce qu’on leur apporte… Il n’y a pas de magasin pour s’acheter du pain, du papier toilette… »

Beaucoup dépendent donc du transport de marchandise, qu’ils ne peuvent assurer eux-mêmes. Si des lignes de bus ont été remises en service, elles sont encore trop incomplètes et « la plupart des gens n’ont pas de voiture, soupire Jaume. Alors, il y a beaucoup d’endroit où ils ne peuvent pas aller. »

Des situations inégales 

Pour évaluer la remise sur pied de la région, et faire un état des lieux complet, il faut pouvoir se rendre partout.

Dans certaines villes, c’est le soulagement. C’est le cas à Torrent ou Alacuás par exemple, où les rues sont désormais vidées des carcasses de voitures et de la boue. Près de 50 écoles ont rouvert hier lundi, ce qui a permis de retrouver un semblant de normalité dans ces zones, rapporte notre correspondante régionale, Elise Gazengel.

Mais pour d’autres, c’est encore très compliqué notamment à Paiporta, Sedaví ou Benetúser. Les épaves des véhicules sont toujours nombreuses, les tas de débris sont entreposés dans des parcs entiers, dans l’attente d’être transférés vers les déchèteries… et 70 écoles sont toujours fermées.

Certains parents expliquent d’ailleurs à quel point il est difficile pour eux de s’occuper de leur progéniture tout en continuant le déblayage. Mais ce mardi, c’est surtout l’inquiétude qui règne chez les habitants, alors qu’une nouvelle alerte de l’agence météo pour pluies intenses, voire torrentielles, a été annoncée dans la région de Valence à partir de mercredi.

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