Cherté de la vie : Le panier de la ménagère flambe
Hausse du prix des légumes, de l’oignon, de la pomme de terre, en plus de la viande et du poisson : c’est le calvaire que vivent plusieurs foyers. Un tour dans la banlieue permet de faire le constat.
Par Dieynaba KANE – C’est un euphémisme de dire que la vie est chère à Dakar. Ces derniers jours, la situation semble encore plus difficile pour les foyers. 10h à Pikine, après une forte pluie très tôt le matin du mardi, des femmes qui évitent les flaques d’eau dans les ruelles s’attellent à la préparation du déjeuner. Une tâche de plus en plus ardue dans un contexte marqué par la hausse des prix de presque toutes les denrées. Diary, une habituée de l’étal qui se trouve à quelques mètres de chez elle, ne dit pas le contraire. Un sachet à la main, la dame d’une trentaine d’années trouve exorbitant le prix des denrées. Pour elle, on parle du prix de l’oignon dont le kilogramme coûte 900 francs Cfa et de la pomme de terre qui est à 1000 francs, mais ce ne sont pas seulement ces denrées qui ont connu une hausse.
Une autre dame rencontrée sur la route menant au marché Zinc confirme. Selon cette dernière, les légumes (carottes, choux, manioc…), la viande, le poisson… tout est devenu cher. La dame qui a requis l’anonymat confie que d’habitude, elle se limitait seulement à un étal pour acheter des légumes. Mais aujourd’hui, elle était obligée de faire le tour de plusieurs étals pour voir si elle pouvait bénéficier d’une réduction. «Ça n’a servi à rien, je me suis fatiguée pour rien. Je ne parle même pas de la viande ou du poisson qui étaient déjà chers, mais des légumes. Pour avoir une carotte ou du chou en petite portion, il faut débourser 200 francs ou 300 francs Cfa», regrette-t-elle.
La situation ne se présente pas mieux dans les petits étals des quartiers.
Les vendeuses sont au rendez-vous, mais peinent à trouver des acheteurs. Fatou est devant son étal bien garni en légumes, mais lors de notre passage, elle peine encore à trouver des clients.
L’explication pour elle est simple, les temps sont durs, tout est cher et les gens n’ont pas d’argent. Pourtant, avec la pluie du matin, on pourrait penser que l’insalubrité qui règne dans les marchés pouvait faire l’affaire des détentrices d’étals dans les quartiers. Ce n’est pas le cas de Fatou, ni d’une autre vendeuse trouvée un peu plus loin. Cette dernière, plus optimiste, croit que les gens vont venir s’approvisionner plus tard dans la journée. Mais tout comme sa collègue, elle trouve que la situation est difficile. Si les vendeuses de légumes ont du mal à trouver des acheteurs, ce n’est pas le cas du vendeur d’oignon. Diallo coupe des oignons en tranche qu’il met ensuite dans des sachets. Il y en a beaucoup, et les femmes qui attendent aussi sont nombreuses. Cette ambiance contraste avec la hausse constatée sur cette denrée. Une dame trouvée sur place explique : «Même si c’est cher, on achète, c’est comme la viande et le poisson, c’est très cher, mais il n’y a pas mille solutions, il faut se débrouiller pour préparer le repas pour la famille.» Tout comme l’oignon et la pomme de terre, la viande et le poisson aussi sont devenus très chers ces derniers mois. Le kilogramme de viande de bœuf a dépassé les 4000 francs et pour avoir un bon poisson, il faut au minimum débourser entre 2500 et 3000 francs Cfa pour une portion, si on veut faire du bon «Thiébou dieune».
Les nouvelles autorités avaient fait de la lutte contre la vie chère «une priorité urgente». Au mois de juin, le gouvernement a pris des mesures destinées à lutter contre la vie chère. C’est ainsi qu’une légère baisse a été notée sur les prix du sucre, du riz, de l’huile et du pain. Des mesures qui semblent être une goutte d’eau dans la mer.