PREMIER LEAGUE  Arsenal : de vice-champion à champion du vice ?

Ce dimanche, l’Arsenal de Mikel Arteta a fait trembler un Manchester City de Pep débordé par le vice des Gunners. Un match nul qui a fait la part belle à une sacrée équipe de salopards, bien décidée à venir braquer un championnat que le tiki taka mancunien monopolise depuis trop longtemps.

Arteta et ses onze comparses étaient en mission. Libérés dans le nord de l’Angleterre pour une mission de sabotage qui devait s’avérer décisive pour la libération du royaume, depuis quatre saisons sous le joug d’hommes en bleu ciel qui confisquent la balle et asphyxient leur adversaire pour tuer toute résistance dans l’œuf. Des Citizens aux airs d’insupportables premiers de la classe, avec leur football si propre, presque trop parfait, à s’ennuyer. S’ils ont survécu ce dimanche, ils sont bien tombés sur un os, qu’ils avaient encore en travers de la gorge en quittant la pelouse, pourtant bien heureux d’arracher un point miraculeux. Nul n’a perdu cette bataille, mais les douze salopards d’Arsenal ont envoyé un message clair : ce sont eux, les vrais durs de ce championnat d’Angleterre.

Arteta, professeur des Forces du mal

Qu’elle est loin, l’époque des artistes gentillets, aussi beaux que naïfs, à qui des adversaires vicelards « mettaient des gifles », selon les termes de Manu Adebayor. Avec Arteta en Major Reisman, les Gunners sont désormais passés maîtres pour manipuler les « arts obscurs à leur avantage », comme en témoignait Kyle Walker, le premier ensorcelé du jour. Le capitaine et fidèle soldat de Pep Guardiola fut le premier à perdre la tête face à la roublardise des visiteurs. Convoqué par Michael Oliver – arbitre lui aussi débordé – en compagnie de Bukayo Saka pour calmer les esprits, alors que City se retrouvait amputé de son métronome Rodri, c’est lui qui est pris à revers par le coup franc joué rapidement par Thomas Partey, qui lance Gabriel Martinelli pour servir Riccardo Calafiori sur un plateau pour égaliser. L’Anglais peut pester, mais, du haut de ses 34 ans, il s’est surtout fait avoir comme un bleu, se replaçant avec indolence, distribuant des consignes alors que le mal était fait, et laissant Martinelli partir dans ses œuvres. Un coup du sort, une seconde d’inattention, et une projection létale en deux passes, qui fait filoche. Si Arteta a appris aux côtés de Pep, il sait se transformer en sa parfaite antithèse pour le piéger.

« Je ne sais pas s’ils l’ont maîtrisé, mais ils font ça depuis plusieurs années, et c’était à prévoir », admettait John Stones. Facilement, les good guys sont tombés dans le panneau. « Appelez ça intelligent ou dégueulasse, peu importe », lâchait le sauveur mancunien, les nerfs encore à vif. Roublardise contre naïveté, deuxième acte 20 minutes plus tard. Après une première alerte sur corner et un raté à bout portant de Gabriel, profitant du travail de ses coéquipiers pour gêner la sortie d’Ederson, ces diables de Leandro Trossard et William Saliba ont eu tout le loisir de répéter leur opération sur le portier brésilien, et voir Gabriel propulser Arsenal devant. On peut discuter de la légalité de l’opération, l’acte de sabordage dans les 5,50 mètres adverses était parfait, et City ne pouvait s’en prendre qu’à lui-même de n’avoir vu venir ce qui s’était pourtant déjà produit trois minutes plus tôt. Des salopards, des vrais.

Des morts de faim aux trousses de City

Alors oui, l’excès d’antijeu a été puni (sévèrement) dès la fin de première mi-temps, avec ce deuxième carton jaune concédé stupidement par Trossard, alors que tout le monde s’apprêtait à regagner les vestiaires. Oui, City a fini par revenir, conserver son trône, après 53 minutes de siège dans une seconde période à onze contre dix, passée dans les 30 mètres rouge et blanc, avec 90% de possession de balle pour 28 tentatives contre une. Durant tout ce temps, Mikel Arteta nous a offert un récital digne du Mou des plus grandes heures, avec une défense de fer parvenant à rendre fou Bernardo Silva et consorts, à en rendre indigent l’apport de Haaland, et aphone İlkay Gündoğan.

« Il n’y avait qu’une seule équipe qui est venue jouer au football. L’autre est allée jusqu’aux limites de ce qui était possible de faire et autorisé par l’arbitre, malheureusement », chouinait Bernardo Silva. « Ils cassent le jeu, et ça gâche le rythme pour tout le monde, l’accompagnait de concert John Stones. Vous essayez de mettre en place du jeu pour faire la différence, et ces petits arrêts de jeu vous en empêchent. » Jusqu’à la 98e minute, le coup de Mou de Mikel Arteta était parfait. « Ils mettent quatre joueurs par ligne, avec un engagement incroyable. On n’est pas capables de faire ça », concédait Pep, beau joueur. Si Manchester City et Pep Guardiola ont su garder la main au classement, les Gunners ont longtemps réussi à pénétrer la psyché de leurs adversaires pour les faire déjouer, et montrer que c’était bien eux, les véritables vilains de ce championnat. Dès la cinquième journée, la course au titre entre les nouveaux meilleurs ennemis est lancée comme il se doit.

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