Abdoul Mbaye: les deux faits qui m’ont surpris dans la dissolution de l’assemblée.
L’Assemblée nationale est, à présent, dissoute. Mais, Abdoul Mbaye, l’ex premier ministre qui s’est exprimé dans un entretien accordé à L’Obs, s’est dit surpris par deux faits, liés à cette dissolution.
«La dissolution de l’Assemblée nationale était inévitable. Je considère même qu’elle était une nécessité. Toutefois, je suis très surpris par, au moins, deux faits. Le premier, c’est la peur manifeste de présenter une Déclaration de politique générale et un recours à la ruse et au sacrifice de la qualité de la parole présidentielle pour que cette présentation n’ait pas lieu.
Le deuxième fait qui me surprend, c’est que je note une précipitation à dissoudre une Assemblée nationale au risque de se heurter à des obstacles légaux pour l’exécution de certaines dépenses budgétaires.
Dans l’équilibre des relations entre l’Exécutif et la représentation populaire, la Dpg est une obligation constitutionnelle par laquelle le Premier ministre décline la manière dont il compte mettre en œuvre la politique de la Nation définie par le chef de l’Etat. Pourquoi annoncer qu’elle est prête, la soumettre à une condition de mettre à jour le Règlement intérieur de l’Assemblée et une fois cette condition respectée, fuir la Dpg ?
Très sincèrement, je ne comprends pas cette difficulté que s’est créé le nouveau régime. Le peuple attend les précisions de rupture, il a besoin d’espoir, d’engagements forts et précis, pris pour cesser de penser que rien n’est possible, sauf à fuir le Sénégal en pirogue. Les partenaires techniques du Sénégal, également, ont besoin d’être édifiés par quelques lignes d’actions fortes pour savoir comment aider notre pays. On ne peut pas ne pas se poser une bien triste question : Le projet existe-t-il vraiment et s’il existe, pourquoi le cache-t-on au peuple?»