Mer de Chine méridionale: la Chine mise sur la recherche scientifique pour assurer son hégémonie
Les investissements de la Chine dans la recherche scientifique en mer de Chine méridionale ont été considérables et multiformes, motivés à la fois par des intérêts stratégiques et par le désir de renforcer ses capacités scientifiques et technologiques dans la région. Au cours des dernières années, la Chine a renforcé sa présence dans cette zone en mettant l’accent sur les sciences, la surveillance de l’environnement et l’exploration des ressources.
Il y a un double intérêt pour la Chine. D’un côté, le développement de la recherche scientifique : Pékin a, en effet, mené de nombreuses études sur l’environnement marin, notamment des recherches sur les récifs coralliens, les stocks de poissons et l’impact des activités humaines sur l’écosystème marin. Ces études s’inscrivent souvent dans le cadre d’efforts plus larges de protection et de gestion de l’environnement.
Ces dernières années, la Chine a intensifié ses efforts en matière d’exploration des fonds marins, notamment en déployant des submersibles pour étudier ceux de la mer de Chine méridionale.
La Chine a utilisé la recherche scientifique comme une forme de « soft power », en promouvant l’idée qu’elle contribue à la connaissance mondiale et à la protection de l’environnement dans la mer du Sud-Est. Cette démarche s’inscrit dans une stratégie plus large visant à légitimer ses activités et ses revendications dans la région.
La Chine a installé des stations de surveillance environnementale sur plusieurs îles et récifs, dans le but, selon elle, de protéger et de gérer durablement les ressources marines. Toutefois, ces stations servent également d’avant-postes pour surveiller et contrôler les eaux environnantes, renforçant ainsi le déploiement naval de la Chine.
Intérêts géopolitiques
Il y a également les intérêts géopolitiques de Pékin dans la mer de Chine méridionale. Ils sont étroitement liés à ses activités scientifiques dans la région. La mer de Chine méridionale est une zone stratégiquement cruciale en raison de ses importantes implications économiques, militaires et politiques.
Cette zone est riche en ressources naturelles, notamment pour la pêche et les réserves potentielles de pétrole et de gaz naturel. Le contrôle de ces ressources est l’un des principaux moteurs des activités de la Chine dans la région.
C’est également une voie maritime vitale, c’est par là que transite une part importante du commerce mondial. Le contrôle de cette zone permet à la Chine de projeter sa puissance et de garantir ses intérêts stratégiques, notamment en protégeant ses routes commerciales et en étendant sa portée militaire.
Incidents fréquents
La Chine revendique la quasi-totalité de cette partie de la mer, délimitée par la « ligne des neuf traits », qui chevauche les revendications de plusieurs autres pays, dont le Vietnam, les Philippines, la Malaisie, Brunei et Taïwan. La zone est parsemée de centaines de petites îles, de récifs et d’atolls, dont certains ont été transformés par la Chine en îles artificielles équipées d’infrastructures militaires et civiles.
Plusieurs affrontements ont eu lieu, par exemple, entre la Chine et les Philippines en mer de Chine méridionale rien qu’en ce début d’année, en particulier au sujet du Second Thomas Shoal, qui fait l’objet d’une contestation entre Pékin et Manille.
En juin 2024, les Philippines ont accusé les navires des garde-côtes chinois d’avoir éperonné, remorqué et perforé leurs bateaux avec des couteaux, pillé des armes à feu démontées, détruit des équipements de communication et de navigation et confisqué les téléphones portables du personnel.
Ces incidents reflètent les tensions actuelles sur les revendications territoriales et les activités d’exploration marine.
L’utilisation par la Chine de la science comme outil de promotion de ses objectifs géopolitiques dans la mer de Chine méridionale est une stratégie sophistiquée qui vise à consolider ses revendications territoriales, à étendre son influence et à s’assurer l’accès à des ressources vitales.