Somalie: les forces de sécurité continuent d’assiéger l’hôtel attaqué par les shebab

Les forces de sécurité somaliennes se rapprochaient lundi des jihadistes shebab qui ont pris d’assaut la veille un hôtel prisé de la capitale Mogadiscio, alors qu’un bilan provisoire fait état d’au moins quatre morts.

Des coups de feu sporadiques et des explosions continuaient de retentir lundi aux alentours de l’hôtel Villa Rose très fréquenté par des hauts fonctionnaires et des parlementaires et situé à quelques pâtés de maison des bureaux du président Hassan Cheikh Mohamoud.

« Les terroristes sont coincés dans une pièce du bâtiment et les forces de sécurité sont sur le point de mettre très vite un terme à l’opération », a ajouté Mohamed Dahir, sans préciser qui étaient les quatre victimes.

« Plusieurs personnes ont été blessées, parmi lesquelles des responsables du gouvernement », a ajouté le responsable des services de sécurité.

Toutes les routes menant au quartier ont été bloquées par les forces de sécurité, ont constaté les correspondants de l’AFP.

Des témoins avaient décrit deux fortes explosions dimanche soir, marquant le début de l’attaque par les shebab de cet hôtel situé dans le quartier de Bondhere et jouissant en principe de sérieuses mesures de sécurité.

Sur son site internet, le Villa Rose y est décrit comme « l’hébergement le plus sûr de Mogadiscio », avec détecteurs de métaux et un haut mur d’enceinte.

« Un groupe de combattants shebab a attaqué un hôtel dans le district de Bondhere ce soir (et) les forces de sécurité sont engagées pour les éliminer », avait annoncé dimanche le porte-parole de la police nationale, Sadik Dudishe, dans un communiqué.

Dès dimanche soir, de nombreux civils et des responsables politiques avaient été secourus et évacués de la zone.

« J’étais près du Villa Rose lorsque deux fortes explosions ont secoué l’hôtel. Il y a eu des tirs nourris. La zone a été bouclée et j’ai vu des gens fuir », a relaté un témoin, Aadan Hussein, depuis Mogadiscio.

« J’ai vu plusieurs véhicules militaires avec des forces spéciales se diriger vers l’hôtel, et quelques minutes plus tard, il y a eu des tirs nourris et des explosions », a de son côté déclaré Mahad Yare.

– Guerre totale –

Les shebab, groupe affilié à Al-Qaïda qui tente de renverser le gouvernement central somalien depuis 15 ans, ont revendiqué l’attaque.

La force de l’Union africaine en Somalie (Atmis) a condamné l’attaque et « félicité » sur Twitter « les forces de sécurité somaliennes pour leur réponse rapide afin d’éviter de nouvelles victimes et des dommages matériels ».

Cette nouvelle attaque intervient alors que le président somalien, élu en mai, a décidé d’engager depuis trois mois une « guerre totale » contre les shebab.

L’armée somalienne, soutenue par des clans locaux, par l’Atmis, et avec l’appui de frappes aériennes américaines, leur ont ainsi repris le contrôle de la province de Hiran et de vastes zones du Moyen-Shabelle, dans le centre du pays.

Mais les insurgés ont riposté par une série d’attaques sanglantes, soulignant leur capacité à frapper au coeur des villes et des installations militaires somaliennes.

Le 29 octobre, deux voitures bourrées d’explosifs ont explosé à quelques minutes d’intervalle à Mogadiscio, tuant 121 personnes et en blessant 333 autres. Soit l’attaque la plus meurtrière depuis cinq ans dans ce pays fragile de la Corne de l’Afrique.

Un triple attentat à la bombe à Beledweyne (centre) a aussi fait 30 morts, dont des responsables locaux, début octobre et au moins 21 clients d’un hôtel de Mogadiscio ont été tués lors d’un siège de 30 heures en août.

Ce siège avait soulevé des questions sur la façon dont les militants islamistes ont réussi à atteindre le cœur étroitement gardé du district administratif de Mogadiscio sans être détectés.

Des points de contrôle armés bloquent les routes menant à la zone, qui abrite également un centre de détention pour les suspects terroristes, supervisé par l’Agence nationale de renseignement et de sécurité.

Selon l’ONU, au moins 613 civils ont déjà été tués et 948 blessés dans des violences cette année en Somalie, principalement causées par des engins explosifs artisanaux (EEI) attribués aux shebab. Les chiffres les plus élevés depuis 2017, en hausse de plus de 30% par rapport à 2021.

AF

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