Législatives en France: en Europe, entre soulagement de dirigeants et indifférence affichée

Plusieurs représentants de partis de gauche et dirigeants européens ont salué les résultats des élections législatives en France du 7 juillet 2024. Le Nouveau Front Populaire (NVP), l’alliance des partis de gauche, est sortie en tête, devant le camp présidentiel et l’extrême droite.

C’est sur X (anciennement Twitter), que Donald Tusk, Premier ministre de Pologne, a pris la parole à l’issue du second tour des élections législatives qui s’est déroulé en France. Il a fait part de sa satisfaction après la publication des premières estimations qui ont éloigné le Rassemblement national de la majorité absolue ou relative espérée par le parti arrivé en troisième position.

« À Paris l’enthousiasme, à Moscou la déception, à Kiev le soulagement. De quoi être heureux à Varsovie », a-t-il déclaré sur le réseau social.

Au début du mois, Donald Tusk avait mis en garde contre un « grand danger » pour la France et l’Europe après la victoire de l’extrême droite au premier tour des élections françaises. L’ancien chef du Conseil européen avait évoqué une « tendance dangereuse » et sa crainte que « la France puisse devenir bientôt l’homme malade de l’Europe, condamnée à une confrontation entre les forces radicales. »

« Le pire est évité »

Même son de cloche pour le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez. Il fait un parallèle entre les élections législatives britanniques et françaises. « Cette semaine, deux des plus grands pays d’Europe ont choisi la même voie que l’Espagne il y a un an : le rejet de l’extrême droite et un engagement décisif en faveur d’une gauche sociale qui aborde les problèmes des citoyens avec des politiques sérieuses et courageuses », a-t-il déclaré.

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Un «certain soulagement » en Allemagne 

En Allemagne, c’est le soulagement qui est exprimé. Le gouvernement du chancelier Olaf Scholz était « quelque peu soulagé de ce qui ne s’est pas produit », a déclaré à la presse le porte-parole du gouvernement allemand, Steffen Hebestreit, à Berlin, faisant référence à la troisième place surprise du RN alors qu’il était censé remporter le plus grand nombre de sièges au Parlement.

Un responsable du parti social-démocrate du chancelier allemand Olaf Scholz a jugé dimanche que « le pire » avait été « évité » avec le score inférieur aux pronostics de l’extrême droite aux élections françaises, dont Emmanuel Macron ressort à ses yeux « politiquement affaiblis ».

« Le pire est évité, le RN (Rassemblement national) ne peut pas constituer une majorité gouvernementale » à l’issue des législatives, a déclaré au groupe de presse Funke le responsable des questions de politique étrangère du groupe parlementaire des sociaux-démocrates du SPD à la chambre des députés, Nils Schmid.

En Grèce, le chef de file du parti de gauche grec Syriza Stefanos Kasselakis s’est réjoui sur Facebook : « Aujourd’hui, le peuple français a montré la voie », a-t-il. « Il s’est dressé contre le monstre de l’extrême droite et a discrédité le néolibéralisme […]. Aujourd’hui, le peuple français crie que l’espoir et le changement ne sont pas une utopie, mais une réalité. Écoutons-les. » Nikos Androulakis, le président du mouvement socialiste grec, Pasok : « Une grande victoire pour la France et l’Europe. Une grande victoire pour la démocratie […] Le peuple français a dressé un mur contre l’extrême droite, le racisme et l’intolérance et a défendu les principes intemporels de la République française : Liberté, Égalité et Fraternité ».

Silence du côté des partis au pouvoir en Italie

En Italie, les leaders de l’opposition de centre gauche exultent ; la secrétaire du Parti démocrate (PD, principal parti d’opposition) Elly Schlein a salué un « résultat extraordinaire pour la gauche unie, qui montre que la droite peut être battue, et une belle riposte grâce à la participation ». Le leader du Mouvement 5 étoiles, Giuseppe Conte a déclaré un peu plus tard. « Les résultats des législatives et la mobilisation des électeurs sont un signe d’élan démocratique pour toute l’Europe ».

Du côté de la majorité d’extrême droite, la présidente du Conseil, Giorgia Meloni cheffe de Fratelli d’Italia qui avait complimenté le Rassemblement National pour son succès au 1ᵉʳ tour, s’est abstenue de tout commentaire, jusqu’à présent. Mais son allié et patron de la Ligue, Matteo Salvini, a écrit un long message sur X. « Après l’euphorie des communistes, des pro- islamistes, des antisémites et des voyous dans les rues ; en France, c’est le chaos. Macron ne pourra pas gouverner. Le barrage anti Rassemblement National n’a pas entamé la sympathie pour Marine Le Pen et Jordan Bardella à qui j’envoie un gros câlin. » Et d’ajouter « Ce lundi après- midi, le grand groupe des Patriotes va naître avec la Ligue, à Bruxelles, pour changer cette Europe ».

Le Kremlin sans « espoir ni illusion particulière » après les législatives en France

Le Kremlin a affirmé lundi n’avoir ni « l’espoir » ni « l’illusion » d’une amélioration des relations entre Paris et Moscou, particulièrement tendues par le conflit ukrainien, au vu des résultats des élections législatives anticipées en France. « Pour la Russie, le mieux serait une victoire des forces politiques prêtes à faire des efforts pour restaurer nos relations bilatérales. Mais pour l’instant, nous ne voyons chez personne une telle volonté politique clairement exprimée, donc nous ne nourrissons pas d’espoir ni d’illusion particulière à ce sujet », a déclaré à la presse le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.

Le président de la Douma (chambre basse du Parlement), Viatcheslav Volodine, s’est lui félicité que les Français aient « montré la porte à (Emmanuel) Macron ». « Le même sort attend tous les dirigeants européens actuellement au pouvoir, qui se mêlent des questions souveraines d’autres États, alors que leurs citoyens exigent qu’ils résolvent les problèmes intérieurs et développent l’économie nationale », a-t-il affirmé sur sa chaîne Telegram.

Sergueï Lavrov avait critiqué entre les deux tours les nombreux désistements qui réduisaient les chances du RN d’obtenir une majorité, rapporte l’Agence France presse. « Le second tour semble avoir été conçu précisément pour manipuler la volonté exprimée par les électeurs au premier tour (…) cela ne ressemble pas vraiment à une démocratie », avait déclaré Sergueï Lavrov au micro du journaliste proche du Kremlin Pavel Zaroubine.

SOURCE RFI

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