Lutte contre les inondations: Le Pm se jette à l’eau

Les constructions faites sur des voies naturelles d’eau, des zones humides ou des emprises d’ouvrages d’assainissement d’eaux pluviales sont un facteur d’amplitude dans les inondations. Ces constructions se chiffrent à 3546 dans la région de Dakar, selon le Pm Ousmane Sonko qui présidait hier un Conseil interministériel sur la prévention et la gestion des inondations. Le chef du gouvernement, qui a indexé la gouvernance et la gestion de la problématique des inondations ces dernières années, a promis un audit des 717 milliards injectés dans le Plan décennal (2012-2022) de lutte contre les inondations. 

Par Alioune Badara NDIAYE – Dans la région de Dakar, au moins 3546 constructions se situent dans des zones non aedificandi. Ce qui constitue un phénomène amplificateur des inondations dans cette partie du pays. Le Premier ministre Ousmane Sonko l’a déploré jeudi, à l’occasion du Conseil interministériel sur la préparation et la gestion des inondations pour l’hivernage 2024. «Les résultats du recensement effectué en 2022 à Dakar, sous la conduite du Gouverneur de région, ont fait ressortir 3546 cas d’occupation de voies naturelles de drainage, de zones humides dont des lacs, et d’emprises d’ouvrages d’assainissement d’eaux pluviales», a insisté M. Sonko, prononçant le discours de clôture. «La poussée démographique et l’installation de populations dans ces zones non aedificandi, le déplacement du front urbain vers de nouvelles zones, ainsi que les agressions constatées sur des voies et exutoires naturels des eaux pluviales, justifient l’importance du facteur humain dans ces inondations», a poursuivi le Pm, qui s’est désolé de la posture des services de l’Etat ayant avalisé ces constructions. «Plus préoccupant encore, ces occupations font souvent l’objet d’un aménagement impliquant certains services de l’Etat», a-t-il dit pour renseigner sur la complexité du phénomène. «J’engage le ministre chargé de l’Urbanisme, des collectivités territoriales et de l’aménagement du territoire, en relation avec les ministres chargés de l’Assainissement, des Forces armées, de l’Intérieur et des Finances, à veiller  au strict respect de l’interdiction de tout nouveau lotissement et de toute nouvelle construction dans les zones non aedificandi, à la restructuration des quartiers situés dans des zones inondables, à la préservation des zones humides et des voies naturelles de drainage d’eaux pluviales,  à la mise en place d’une bonne planification urbaine couvrant la totalité du territoire national», peut-ont ainsi lire parmi les 22 mesures prises par le Pm à l’issue de la rencontre.

Audit des 717 milliards F du Plan décennal

Même si M. Sonko a convoqué les réalités morpho-pédologiques et hydrogéologiques ou encore le changement climatique comme autres phénomènes pouvant expliquer les inondations, il n’a pour autant pas manqué de pointer un doigt accusateur sur la gouvernance et la gestion de la problématique des inondations par le régime sortant. Dans cette logique, le chef du gouvernement a annoncé un audit des fonds du Plan décennal de lutte contre les inondations. «L’enveloppe de 717 milliards FCfa injectée par l’Etat dans la construction d’ouvrages de drainage, de stockage et de pompage des eaux pluviales, dans la restructuration de zones inondables, ainsi que dans le relogement de sinistrés, sans pour autant réussir à atteindre les résultats espérés, nous interpelle et fera l’objet d’un audit approfondi», a-t-il ainsi noté, assurant de la nécessité de bâtir des solutions durables et résilientes. «Cela passe par le strict respect de l’ensemble des textes relatifs à la gestion foncière et à l’occupation du sol, mais également par une gestion transparente des inondations», a posé M. Sonko en perspective. Pour ce qui est de la gestion de l’hivernage en train de s’installer, le chef du gouvernement a exhorté à privilégier l’anticipation et la prévention dans la lutte contre les inondations. «J’invite l’ensemble des ministres concernés à veiller à la finalisation des opérations pré-hivernage et à accélérer les projets et travaux d’assainissement d’eaux pluviales structurants en cours», a-t-il instruit, tout en appelant la population à une appropriation communautaire de la lutte contre les inondations. Pour une bonne appropriation, le Président Bassirou Diomaye Faye sera sur le terrain le 1er juin pour le lancement de la Campagne nationale de prévention et de lutte contre les inondations.

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