Les JO de Paris, un futur “naufrage” dans la lutte contre le dopage?

La Chine pointée du doigt

Alors que le président chinois Xi Jinping est en visite en France, le directeur général de l’Agence antidopage des États-Unis Travis Tygart estime que les futurs Jeux Olympiques de Paris seront un désastre pour la lutte contre la triche. Dans un entretien avec Politico, il accuse la Chine de préparer un dopage massif de ses athlètes. Et il estime aussi que l’Agence mondiale antidopage (AMA), l’organisme mondial de réglementation, a déjà failli.

Travis Tygart est revenu sur le scandale révélé le mois dernier par le New York Times et le radiodiffuseur allemand ARD: vingt-trois des meilleurs nageurs et nageuses chinois ont été testés positifs à la trimétazidine, début 2021, lors d’une compétition nationale. Une substance présente dans des médicaments censés prévenir les angines de poitrine dans les années 1960, mais dont l’utilité est sujette à caution. Dans le sport de haut niveau, cette molécule est interdite depuis 2014 au motif qu’elle améliore la circulation sanguine, et plusieurs sportifs ont déjà été exclus de compétitions pour cette raison.

Positifs, mais autorisés aux JO

Sauf que dans l’affaire des nageurs chinois contrôlés positifs, treize d’entre eux ont tout de même été autorisés à participer aux Jeux olympiques de Tokyo quelques semaines plus tard. Et ils en ont ramené des médailles.

Les sportifs avaient fait l’objet d’une enquête de l’Agence chinoise antidopage (Chinada), qui avait conclu à une intoxication d’origine alimentaire. Selon elle, la trimétazidine retrouvée dans les corps des nageurs provenait d’une cuisine d’hôtel contaminée où les sportifs avaient mangé.

Ce qui choque Tygart, c’est que l’AMA a suivi la décision de l’agence chinoise sans sourciller. Un précédent très grave, selon l’Américain: “À cause de la dissimulation de la Chine et de la décision de l’AMA de l’autoriser, maintenant que la lumière a été faite, c’est un véritable naufrage qui s’annonce à Paris” confiait-il à Politico. “Les Chinois ne sont pas tenus de respecter les mêmes normes par leur propre agence nationale antidopage, et l’Agence mondiale antidopage, qui est censée être le grand égalisateur et veiller à ce que les règles soient appliquées équitablement dans le monde entier, est d’accord avec ce fait.”

Les Jeux olympiques sont et ont toujours été un moment très politique. Le dopage d’État était courant durant la guerre froide afin de rafler un maximum de médaille, et la Russie est régulièrement accusée de continuer ces pratiques issues de l’époque soviétique.

Les mêmes suspicions pèsent de plus en plus sur la Chine, et l’affaire des nageurs positifs à la trimétazidine ne fait que nourrir ce narratif. “Je ne sais pas si les preuves d’un dopage systémique soutenu par l’État sont du même niveau que dans le cas de la Russie” nuance Tygart. “Mais ici, je pense que c’est plus troublant pour les athlètes propres, parce que le système qui est censé tenir chaque pays responsable s’est effondré.”

L’AMA nie

On ne sait pas si le sujet sera mis sur la table par Emmanuel Macron lors de son repas avec Xi Jinping lors d’une escapade “personnelle” dans les Pyrénées qui doit clore la visite d’État du président chinois.

Pourtant, du côté de l’Agence mondiale antidopage, on nie toute décision polémique, relève le média européen. “Les allégations de partialité en faveur de la Chine et de dissimulation de la part de l’AMA manquaient de preuves dès l’origine, et les explications de l’AMA démontrent qu’elles sont tout simplement fausses” a répondu un porte-parole de l’organisation internationale.

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