Tenue des finances publiques et poursuite de son programme 2023-2026 avec le Sénégal : le FMI fouille Macky et pèse Diomaye

Du 26 avril au 2 mai prochains, le Fonds monétaire international (Fmi) sera à Dakar pour soupeser la volonté du régime de Diomaye Faye de poursuivre le programme 2023-2026 conclu avec le Sénégal. Il sera aussi question de faire le point sur la tenue des finances publiques par l’ancien président Macky Sall, lors du dernier trimestre et de s’assurer de la conformité des données comptables fournies par le gouvernement sortant du Sénégal. Cette mission entrera de même en échanges avec les nouvelles autorités pour comprendre au mieux leur Projet. Une rencontre décisive  pour convaincre l’aiguilleur de la croissance de leur PROJET.

La rencontre de Dakar avec une délégation du Fonds monétaire international (Fmi) qui y séjourne du 26 avril au 2 mai prochains, sera décisive pour les tenants du pouvoir. Après avoir fouillé et fait le point de la tenue des finances publiques (fiscalité, comptabilité, budget) du Sénégal sous Macky Sall, pour s’assurer de la conformité des données comptables fournies par le gouvernement sortant du Sénégal, les agents du Fmi entreront en échanges avec les nouvelles autorités sénégalaises pour apprécier l’opportunité de poursuivre le nouvel accord sur les politiques économiques et financières conclu en mai 2023. Lesquels accords au titre du Mécanisme élargi de crédit (Mec), de la Facilité élargie de crédit (Fec) et de la Facilité de résilience et de validité (Frd) ont permis au Sénégal d’accéder aux droits de tirages spéciaux (Dts) à hauteur de 166 milliards de FCFA. Seulement, une partie de ce décaissement avait été soustrait par le Fmi pour payer le service de la dette au compte de l’année 2023.

Ce nouveau programme sur une période de trois ans (juin 2023-juin 2026), et d’un montant de 1150 milliards FCA signé en mai 2023, articulé autour de quatre (4) piliers à savoir le renforcement de la gestion des finances publiques ; le renforcement de la gouvernance financière et l’amélioration du dispositif anti-blanchiment des capitaux et la lutte contre le financement du terrorisme ; la réalisation d’une économie plus résiliente et inclusive ; le renforcement de la résilience aux changements climatiques seront certainement maintenus. Il devra en être de même pour celui relatif au volet des finances publiques, avec les reformes articulées autour du renforcement de la mobilisation des recettes fiscales en vue d’atteindre au moins un taux de pression fiscale de 20% à l’horizon 2025, pour permettre d’atteindre une cible de déficit budgétaire communautaire de 3% à cette échéance. D’ailleurs, c’est en juin prochain que se tiendra la deuxième revue dudit programme. Occasion sera donnée aux autorités sénégalaises de mettre fin à ce programme ou alors de le poursuivre, en réduisant la durée aux fins de mettre en œuvre leur PROJET. A préciser que pour la continuité ou la rupture dudit programme, le choix revient aux tenants du pouvoir.

La souveraineté économique à portée de main

Pour la mise en œuvre du PROJET, les moyens d’y arriver ne manqueront certainement pas. Car, le marché financier est assez liquide en ressources concessionnelles sur une durée de quarante ans avec un taux d’intérêt de 0,75% et un différé de 10 ans. La Banque mondiale (Bm) et surtout la Banque africaine de développement (Bad) cherche preneur de ces ressources concessionnelles pour une souveraineté alimentaire. Ce qui va en étroite ligne avec les autorités actuelles qui se sont engagés à atteindre cet objectif. Mais, pour y arriver, il faudra de la patience au minimum deux ans pour mettre en place des usines de transformation. Sur bien des produits de base comme l’arachide, la patate, la pomme de terre, l’oignon, le lait, le mil, le maïs, le sorgho, la carotte entre autres, le Sénégal en importe quantitativement. Pis, la balance commerciale du Sénégal est déficitaire à près de 18% du Pib. Une anormalité qu’il faut corriger rapidement pour tendre vers la souveraineté économique aspirée. Bref, il faut créer des usines de substitution pour transformer structurellement l’économie Sénégalaise. Sous le régime de Macky Sall, et pour des objectifs électoraux, le Sénégal s’est abonné aux eurobonds avec des taux de 8%.

Vers une monnaie flottante

Intraitables jusqu’ici sur la question de la monnaie, le binôme Diomaye/Sonko confortés par le théoricien de la monnaie locale et non moins ministre de l’Economie, du plan et de la coopération Abdourahmane Sarr n’hésitera certainement pas à signifier au Fmi sa volonté de voir le franc CFA devenir une monnaie flottante au moins en cinq (5) monnaies, notamment avec lesquels le Sénégal commerce plus. En clair, faire du CFA un panier flottant au moins à cinq (5) monnaies. Aujourd’hui, le Sénégal est suffisamment outillé pour porter ce projet dans l’Union économique monétaire ouest africaine (Uemoa) au regard de sa position géographique, son potentiel en ressources pétrolière et gazière et surtout son modèle démocratique dans l’échiquier mondial. Beaucoup de pays n’hésiteront pas à suivre le Sénégal voire même au-delà pour cette option de monnaie flottante. Avec les réserves, c’est la Côte d’Ivoire qui en tire largement profit puisqu’elle exporte plus que les autres pays de l’Union.

JEAN PIERRE MALOU     

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