Inde: les influenceurs au cœur de la campagne électorale

La campagne électorale en vue des élections législatives du vendredi 19 avril bat son plein en Inde. Le Premier ministre Narendra Modi vise un troisième mandat. Et pour conforter son avance, son parti, le Bharatiya Janata (BJP), table sur les influenceurs et célébrités, avec leur immense audience et confiance auprès des Indiens.

Par : Côme Bastin correspondant RFI à Bangalore,

Dès son élection en 2014, le BJP a su court-circuiter les canaux traditionnels comme les interviews et s’adresser directement aux Indiens. Les théories les plus folles courent dans les cellules numériques qui gravitent autour du BJP dont on sait qu’elles sont capables de saturer l’espace virtuel pour faire passer des messages.

Mais cette chambre d’écho a ses limites : les internautes commencent à se méfier des émetteurs anonymes. Narendra Modi se lance donc dans une offensive de charme auprès des influenceurs, souvent suivis par des dizaines de millions d’Indiens sur YouTube.

Samedi dernier, le Premier ministre a affiché sa modernité auprès de gamers, discutant de l’avenir du jeu vidéo en Inde et de son lexique très particulier. Plus tôt, le ministre des Transports a partagé un brunch asiatique sur la chaîne de cuisine Curly Tales et ses 3 millions d’abonnés.

D’autres ministres se sont épanchés sur la chaîne de développement personnel BeerBiceps (7 millions d’abonnés). Les influenceurs font partie de notre famille, a résumé un porte-parole du BJP.

Inquiétudes sur l’entreprise systématique de captation des influenceurs par le BJP

Ces discussions détendues, où l’on échange des rires et des anecdotes, sont la plupart du temps payées par le parti, voire par le gouvernement central. Cela signifie que l’argent du contribuable est mis au service de la campagne de Narendra Modi, ce qui contrevient aux règles fixées par la commission électorale.

Le Premier ministre a lancé cette année un concours récompensant 23 créateurs de contenus. Parmi eux, nombreux sont ceux à s’afficher avec lui parmi lors de cette campagne. Là encore, la neutralité supposée du gouvernement pose question.

Tous les influenceurs ne sont cependant pas acquis à la cause du Premier ministre. L’un d’eux, Druv Rathee, défraie la chronique en ce moment. Celui qui produisait surtout des vidéos sur l’histoire de l’Inde est devenu la coqueluche de l’opposition. Dans ses dernières vidéos, comptabilisant plus de vingt millions de vues, il martèle que l’Inde « prend le chemin des dictatures ». Le gouvernement n’est, évidemment pas, un sponsor de cette vidéo.

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