Réforme des retraites: 11e journée

Pour la 11e fois depuis le début du mouvement de contestation contre la réforme des retraites en janvier, la France est en grève ce jeudi 6 avril. Mercredi, le rendez-vous entre la Première ministre, Élisabeth Borne, et l’intersyndicale a tourné court, le gouvernement refusant de retirer son projet. 

À une semaine de la décision du Conseil constitutionnel sur la loi de financement rectificative de la Sécurité sociale pour 2023 adoptée sans vote à l’Assemblée nationale le 20 mars dernier, les opposants à la réforme des retraites sont à nouveau mobilisés sur l’ensemble du territoire français. Selon les premiers chiffres annoncés par la CGT, quelque 400 000 personnes seraient présentes dans les rues parisiennes.

Avant le départ du cortège parisien, la nouvelle secrétaire générale de la CGT Sophie Binet a fustigé un gouvernement qui « vit dans une réalité parallèle », l’accusant de faire « comme si de rien n’était » face à la « profonde colère » contre la réforme. Le numéro un de la CFDT, Laurent Berger, a observé que « la contestation est toujours aussi forte » même si les chiffres de participation du jour ne sont « pas les plus importants depuis le début » du mouvement social. 

En fin de matinée, des cheminots ont aussi envahi brièvement l’ancien siège du Crédit Lyonnais à Paris, où se trouvent actuellement plusieurs entreprises de la finance, notamment BlackRock, le géant de Wall Street. 

« On est là ! » ont chanté les militants SUD-Rail et CGT dans le hall de l’immense immeuble dans le IIe arrondissement de la capitale, choisi parce qu’il symbolise selon eux les banques et la richesse. Les manifestants qui ont envahi le bâtiment ont entamé des chants ciblant directement BlackRock, le plus grand gestionnaire d’actifs au monde, avant de reprendre en cœur « Anti, anti-capitalistes » au milieu de la fumée générée par les fumigènes.

Entrés vers midi sans obstacle ni violence, les manifestants en sont ressortis vers 12h20, poursuivant leur manifestation dans le centre de Paris, sous le regard étonné ou amusé des passants.

Dans la matinée, la banque Natixis, filiale de Banque Populaire Caisse d’Épargne (BPCE), a aussi été la cible de militants. L’ONG altermondialiste Attac a occupé pendant deux heures le hall du siège de l’entreprise situé dans le 13e arrondissement de Paris, selon des publications sur Twitter de l’ONG. Les militants arboraient une banderole « la fraude fiscale nuit gravement à nos retraites ». Natixis et quatre autres banques font l’objet d’une enquête du parquet national financier (PNF) pour des soupçons de fraude fiscale.

Autre symbole, un départ de feu a été constaté à la Rotonde, célèbre brasserie parisienne appréciée par le président français après un jet de fumigène. 

Par ailleurs, des actions de blocages aux portes de grandes villes ont provoqué des embouteillages, notamment à Lyon et Rennes, mais aussi autour de Brest et Caen.

Rapport de force avec l’exécutif

L’exécutif, table sur un essoufflement du mouvement. Sur toute la France, les autorités s’attendent à 600 000 à 800 000 manifestants. L’entourage du président de la République en déplacement en Chine jusqu’à samedi 8 avril, a assumé un projet « porté démocratiquement » et rejeté la responsabilité de l’échec du dialogue sur les syndicats, et notamment la CFDT qui n’a pas « voulu entrer dans un compromis ».

Un peu moins de deux mois après la première journée de grève, qui avait eu lieu le 19 janvier, les perturbations s’annonçaient en effet moindres dans les transports en commun, notamment à la SNCF, avec trois TGV sur quatre et un TER sur deux et, à Paris, un trafic « quasi normal » pour le métro et le RER.

Selon l’Éducation nationale, environ 8% des enseignants se sont déclarés grévistes. Toutefois, quelques lycées et universités font l’objet de blocages, par exemple, à Paris, la Sorbonne et Assas. À Rennes, la faculté de droit a été fermée, tout comme les trois campus de Lyon-2.

Les syndicats, toujours déterminés après leur rendez-vous de mercredi avec Élisabeth Borne en forme d’« échec », ont prévu de se retrouver dans la soirée pour décider d’une éventuelle nouvelle journée de mobilisation. 

(Avec AFP)

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