En Israël, plus de 24 heures après une attaque de l’Iran, la pression retombe, à Gaza, c’est toujours l’enfer

Israël est toujours en état d’alerte, plus de 24 heures après une attaque historique menée par l’Iran contre le territoire de l’État hébreu. Ce lundi 15 avril, les autorités israéliennes annoncent la réouverture des écoles dans la majeure partie du pays. La pression est donc retombée dans le pays et l’effort de guerre reste concentré sur Gaza.

Par : RFI

La pression est retombée en Israël, mais le pays reste en guerre, souligne notre correspondant à Jérusalem, Sami Boukhelifa. Après cette séquence d’attaque frontale, l’Iran dit : «On peut en rester là. » Et Washington explique à Israël : «Pas question d’aller plus loin. »

Le cadre est posé, la séquence est close. Plus de confrontation directe donc, mais rien n’empêche les deux camps de reprendre leur guerre asymétrique : l’État hébreu en bombardant les intérêts iraniens en Syrie et au Liban voisins, et rien n’empêche les Iraniens à travers leurs bras armés dans la région, comme le Hezbollah, de poursuivre leur harcèlement quotidien en tirant des roquettes sur le nord d’Israël.

Une réunion du cabinet de guerre israélien s’est tenue dimanche soir. Riposte ? Pas de riposte ? Israël se donne le droit d’agir, mais ne dit ni quand ni comment. La pression est dans les mots et pas forcément dans l’action.

Aucune décision n’a été rendue publique à l’issue du débat. On peut parler d’une profonde division au sein même du cabinet de sécurité israélien, explique Michel Paul, notre correspondant à Jérusalem. Les ministres de l’extrême droite poussent à une riposte d’envergure sur le territoire iranien. Itamar Ben Gvir, le ministre suprémaciste juif, exige qu’Israël frappe, et frappe fort. « On ne peut plus faire dans le mou depuis le 7 octobre dernier », proclame-t-il sur son compte X.

Le ministre de la Défense, Yoav Gallant, et l’aile plus modérée du gouvernement proposent, eux, une sorte d’alliance stratégique régionale contre l’Iran. Il s’avère qu’une riposte israélienne immédiate au moment de l’attaque iranienne a été annulée au dernier moment après une conversation téléphonique entre le président américain Joe Biden et le Premier ministre Benyamin Netanyahu.

À ce stade, il semble qu’Israël ait décidé de temporiser. En grande partie en raison des faibles dégâts causés par les missiles iraniens. Et surtout du fait que les Américains ont annoncé qu’ils ne participeraient pas à une telle offensive. Signe révélateur : ce lundi matin, Israël annonce la levée des restrictions de la défense passive sur les rassemblements et les activités scolaires, mais dans le même temps annonce la mobilisation de deux brigades de réservistes pour des opérations à Gaza.

« Ne nous oubliez pas ! »

Car l’effort de guerre reste concentré sur Gaza. Israël annonce le déploiement de deux brigades supplémentaires dans l’enclave palestinienne. « L’attaque iranienne ne nous fera pas dévier de notre principal objectif : le Hamas », explique l’armée. Les opérations israéliennes se poursuivent donc ce lundi, au détriment de la population gazaouie, broyée par la machine de guerre israélienne depuis plus de six mois.

Alors que l’attention médiatique est portée sur les 300 drones lancés par l’Iran et ses alliés sur Israël, les Gazaouis le rappellent : la bande de Gaza est toujours sous les bombes, rapporte Alice Froussard, notre correspondante à Ramallah. « Et nous n’avons n’ont ni abri, ni système de défense anti-missile », rappelle un habitant.

Dimanche, depuis Rafah un mouvement de foule s’est déroulé, une rumeur qui s’est propagée vite, comme un dernier signe d’espoir : des dizaines et des dizaines de déplacés dans le sud ont voulu faire le trajet vers le nord, direction la ville de Gaza, en voiture pour les plus chanceux, à vélo, sur une charrette tirée par un âne, mais le plus souvent en marchant. Très vite, la désillusion. Tous ces Gazaouis sont accueillis par des tirs israéliens. « Le nord de la bande de Gaza reste une zone de combat », a insisté un porte-parole de l’armée israélienne. Beaucoup ont donc dû rebrousser chemin à cause du danger. Les Gazaouis le précisent : « Ne nous oubliez pas. »

Francesca Albanese, la rapporteuse spéciale de l’ONU pour le Territoire palestinien occupé, a insisté : elle exhorte tout le monde à rester déterminé à mettre un terme au génocide israélien à Gaza et à ses violences brutales en Cisjordanie. C’est la seule voie vers la paix dans la région et au-delà.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *