Sahara: Après la visite de Staffan de Mistura, quel rôle aura à jouer la Russie?

Après son voyage en Afrique du Sud qui avait secoué l’opinion publique et avait fait réagir la diplomatie marocaine, l’Envoyé personnel du Secrétaire général des Nations Unies pour le Sahara, Staffan de Mistura, s’est rendu en Russie pour engager la discussion sur la reprise du processus politique. La Russie aura-t-elle un rôle positif vis-à-vis de cette question ?

Staffan de Mistura dont la mission est la relance du processus politique s’est dirigé vers Moscou pour rencontrer le chef de la diplomatie russe, Sergei Lavrov avec qui il s’est entretenu sur ce sujet précisément.

Cette réunion a porté sur « l’état et les perspectives du processus de règlement du conflit du Sahara » et le rôle stabilisateur de la MINURSO, a indiqué un communiqué de la diplomatie russe suite à cette entrevue.

« Un échange de vues a eu lieu sur les perspectives de relance du processus politique, compte tenu des contacts récents de Staffan de Mistura avec tous les acteurs intéressés », a ajouté la même source.

La Russie a souligné l’importance de parvenir à une solution juste, durable et mutuellement acceptable au problème du Sahara sur la base des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU, a encore précisé la diplomatie russe.

Bien que ce voyage semble inopportun au vu de la non-implication de la Russie dans le dossier, il peut se révéler intéressant puisque le pays siège au Conseil de sécurité. D’ailleurs, depuis plusieurs années, la Russie s’abstient de voter les résolutions — notamment à cause de la dualité avec les Etats-Unis, porte-plume des résolutions — et la dynamique que connaît le dossier du Sahara pourrait la pousser à adopter une position plus proche de celle du Maroc.

L’implication de la Russie dans ce dossier reste néanmoins une équation difficile à appréhender. Le pays a observé jusqu’ici une neutralité sur la question, avec tantôt des positionnements tendant vers l’approche algérienne, comme lorsqu’il a appelé le 30 novembre dernier à des négociations directes entre les parties prenantes, alors que les résolutions onusiennes parlent du processus des tables rondes et soulignent la nécessité d’impliquer toutes les parties concernées, avec une référence bien claire à l’Algérie qui bloque ce processus.

Malgré la position russe qui va à contre sens du consensus au sein du Conseil de sécurité, la Russie a toujours pris soin de respecter le Maroc et de ne pas le froisser. Cela a pu se voir expressément lors des Sommets Russie Afrique où la Russie n’a jamais invité la prétendue « rasd » du polisario.

Cela a également pu se voir par les assurances publiques adressées indirectement au Maroc lorsque des exercices militaires conjoints aux frontières marocaines avec l’Algérie ont été révélés. La Russie a insisté pour signifier qu’il n’y avait pas d’alliance militaire avec l’Algérie et que les exercices conjoints n’étaient pas de nature à déstabiliser le Maroc.

Les récents développements de la géopolitique et des enjeux mondiaux ainsi que les relations entre pays, semblent également montrer que la Russie a tourné le dos au régime algérien qui reste un important client en armement.

Cette prise de distance russe par rapport à Alger peut s’expliquer par une mesure prise premièrement par l’Algérie qui a choisi de s’éloigner de Moscou dès le début de la guerre en Ukraine pour ne pas y être associé par les pays occidentaux, au moment où la menace de sanctions américaines et européennes planait sur les pays qui entretenaient la machine de guerre russe.

De son côté, la position du Maroc sur le conflit ouvert entre la Russie et l’Ukraine devrait être nettement appréciée pour sa justesse et son équilibre, et devrait ainsi jouer en faveur du royaume, après appréciation de la posture de la diplomatie marocaine et la reconsidération des enjeux et du parti pris du Maroc dans le dossier du Sahara.

Le Maroc, en effet, milite pour ses terres, celles qui lui ont toujours appartenu et les archives le prouvent, tandis que l’Algérie vise seulement à semer la zizanie avec un esprit revanchard. La Russie devrait être l’un des pays les plus compréhensifs de la situation vécue par le Maroc. La dernière interview du président russe, Vladimir Poutine avec une chaîne américaine, a montré à quel point pour lui, la notion d’histoire et les anciens territoires russes lui sont d’une importance capitale.

Compte tenu de tous ces éléments, la Russie pourrait soit continuer d’observer sa « neutralité » sur le sujet du Sahara ou créer la surprise en appuyant, en toute logique, le Maroc. Parallèlement, toute contribution à la reprise du processus des tables rondes avec la participation de l’Algérie sera bonne à prendre.

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