Navalny: hommage et arrestation

La justice russe a condamné ce week-end à des peines de prison au moins 150 personnes arrêtées au cours d’hommages à l’opposant Alexeï Navalny, selon des données des tribunaux publiées dimanche 18 février. Ces arrestations ont eu lieu officiellement pour avoir violé la stricte législation encadrant les manifestations.

Rien qu’à Saint-Pétersbourg, deuxième ville de Russie, les juges ont condamné samedi et dimanche 154 d’entre elles à des peines allant jusqu’à 14 jours de prison, selon les décisions rendues publiques par le service de presse des tribunaux de cette ville, dans le Nord-Ouest.

Des groupes de défense des droits de l’homme et des médias indépendants ont fait état de plusieurs condamnations similaires dans d’autres villes.

Alexeï Navalny est mort vendredi 16 février à l’âge de 47 ans dans la colonie pénitentiaire de l’Arctique où il était détenu. Les proches d’Alexeï Navalny ont qualifié samedi les autorités russes de « tueurs » cherchant à « couvrir leurs traces » en refusant de leur remettre son corps. Le Kremlin garde le silence malgré les accusations de l’Occident et des rassemblements en hommage à l’opposant.

Ce mépris des hommes est tout à fait caractéristique de l’époque de Staline. À l’époque de Staline, on n’avouait pas, tout simplement, que les gens étaient condamnés à mort. On les exécutait et à la famille, on disait qu’ils étaient déportés sans avoir le droit de correspondre – donc sans avoir le droit d’envoyer des lettres et de recevoir des lettres. Ce qui fait que beaucoup de familles ont appris que leurs frères, leurs pères, leurs mères étaient morts à l’époque de Khrouchtchev – de la déstalinisation. Il s’agissait de cacher l’ampleur des crimes. Le régime stalinien a toujours essayé de cacher l’ampleur des crimes qu’il commettait et dans ce sens-là, Poutine, on peut dire, est différent, parce que lui aurait plutôt tendance à étaler sa malfaisance. Il voit dans l’étalage de ses méfaits une illustration de sa toute-puissance. Donc pour lui, braver l’opinion, braver l’Occident, braver les familles des victimes, c’est une manière, encore une fois, d’étaler son impunité et sa toute-puissance.

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Françoise Thom, historienne de l’URSS et de la RussieChristophe Paget

Ce week-end, la police a arrêté dans des dizaines de villes des centaines de Russes qui étaient allés déposer des fleurs et allumer des bougies en son honneur aux mémoriaux des victimes des répressions de l’ère stalinienne.

Des policiers et des hommes en civil ont patrouillé sur des sites dans des dizaines de villes russes où des gens s’étaient retrouvés pour rendre hommage à Alexeï Navalny ce week-end.

Ils ont notamment été vus pendant la nuit enlever des mémoriaux éphémères et des images montraient des hommes encagoulés mettant des fleurs dans des sacs poubelles sur un pont à proximité du Kremlin où un autre opposant de premier plan à Vladimir Poutine, Boris Nemtsov, a été tué en 2015.

Les manifestations contre le Kremlin et les autres actions publiques d’opposition au régime sont illégales en Russie en vertu notamment d’une législation interdisant les rassemblements non autorisés. 

(et avec AFP)

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