L’Iran annonce avoir fabriqué un missile balistique hypersonique
L’Iran a affirmé jeudi avoir fabriqué pour la première fois un missile balistique hypersonique, une arme très rapide et surtout manoeuvrable, allongeant la liste des pays qui ont déjà annoncé développer cette technologie, ravivant les craintes d’une nouvelle course à l’armement.
L’annonce a été faite par le général Amirali Hajizadeh, le commandant de la Force aérospatiale des Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique de l’Iran.
« Ce missile balistique hypersonique peut contrer les boucliers de défense anti-aérienne. Il pourra traverser tous les systèmes de défense antimissile et je ne pense pas qu’il existera avant des décennies une technologie pour y faire face », a affirmé le général, cité par l’agence Fars.
Un missile hypersonique évolue à des vitesses supérieures à 6.000 kilomètres à l’heure, soit cinq fois la vitesse du son.
Selon le général Hajizadeh, « ce missile qui cible les systèmes antimissiles ennemis représente un grand saut de génération dans le domaine des missiles ».
Selon la revue Janes, les missiles hypersoniques posent des défis aux concepteurs de radars en raison de leur vitesse élevée et de leur maniabilité.
Plusieurs pays cherchent à développer cette technologie, que Moscou a affirmé avoir utilisée en combat au début de son offensive en Ukraine.
Cette annonce survient alors que les Occidentaux tentaient depuis plus d’un an de relancer le JCPOA, l’accord sur le nucléaire conclu en 2015 entre les grandes puissances et Téhéran.
Cet accord visant à empêcher l’Iran de se doter de l’arme atomique en échange d’une levée des sanctions internationales est en déliquescence depuis le retrait unilatéral en 2018 des Etats-Unis sous la présidence de Donald Trump, qui a entraîné l’affranchissement progressif par Téhéran de ses obligations.
Les négociations, déjà dans l’impasse, semblent aujourd’hui impossibles.
Le 5 novembre, l’Iran avait par ailleurs annoncé avoir testé avec « succès » une fusée capable de transporter des satellites dans l’espace.
Les gouvernements occidentaux craignent que les systèmes de lancement de satellites intègrent des technologies interchangeables avec celles utilisées dans les missiles balistiques capables de livrer une ogive nucléaire, ce que l’Iran a toujours nié vouloir construire.
L’Iran insiste sur le fait que son programme spatial est à des fins civiles et de défense uniquement, et ne viole pas l’accord de 2015 ni aucun autre accord international.
Alors que l’Iran et la Russie, tous deux frappés par des sanctions occidentales, ont opéré un rapprochement ces derniers mois, Téhéran avait reconnu le 5 novembre avoir livré des drones à la Russie, mais avant la guerre en Ukraine. Kiev et les Occidentaux accusent Moscou d’utiliser des drones iraniens pour ses attaques contre civils et infrastructures.
– La Russie en avance –
La Russie, la Corée du Nord et les Etats-Unis avaient annoncé en 2021 avoir procédé à des essais de missiles hypersoniques, mais c’est la Russie qui a pris une longueur d’avance, avec plusieurs types de ces missiles.
En mars, dans les premières semaines de l’invasion de l’Ukraine lancée le 24 février, la Russie avait annoncé avoir utilisé des missiles hypersoniques Kinjal, ce qui constituait probablement une première, Moscou n’ayant jusque-là jamais fait état de l’emploi de ce type d’armes sauf pour des essais.
La Chine a plusieurs projets, qui semblent directement inspirés des programmes russes, selon une étude du centre de recherche du Congrès américain. Elle a notamment testé un planeur hypersonique d’une portée de 2.000 km.
Contrairement aux apparences, les missiles hypersoniques ne sont pas forcément plus rapides que les missiles balistiques. La grande différence est que le missile hypersonique est manœuvrable, ce qui rend sa trajectoire difficilement prévisible et son interception difficile.
Les systèmes antimissiles THAAD pourraient permettre d’intercepter des projectiles à grande vitesse, mais ils sont conçus pour protéger une zone limitée. S’il s’agit d’un planeur hypersonique, les systèmes de détection antimissiles, qui mesurent des sources de chaleur, risquent de ne reconnaître le missile qu’après son largage, trop tard pour l’intercepter.
© 2022 AFP
Mise à jour 10.11.2022 à 11:0