CAN 2024: «C’est tout un peuple qui se sent ambassadeur »
Samedi 13 décembre sera donné le coup d’envoi de la 34ᵉ édition de la Coupe d’Afrique des nations masculine de football (CAN 2024).
À un peu plus de 24h du match d’ouverture à Abidjan qui opposera la Côte d’Ivoire à la Guinée-Bissau, les Ivoiriens se disent prêts et impatients d’accueillir le continent. À l’image du président du Comite d’organisation local, le Cocan, François Amichia, qui est l’invité de RFI.
RFI : François Amichia, est-ce que le président du Comité d’organisation de la Coupe d’Afrique des nations (Cocan) que vous êtes est serein ?
François Amichia : Serein, mais, j’ajouterai, pas inquiet mais un peu dans l’angoisse. L’angoisse d’une cérémonie d’ouverture que nous souhaitons totalement réussie, une cérémonie d’ouverture inédite, une cérémonie d’ouverture exceptionnelle. Donc, jusqu’à samedi soir, avant le premier match, il y a un petit brin d’inquiétude.
Le pays joue gros dans cette affaire.
La Côte d’Ivoire, depuis 2012, est dans une phase ascendante au niveau économique, avec une bonne croissance annuelle. Donc l’organisation de cette 34e édition permet à la Côte d’Ivoire de démontrer sa vitalité économique, mais de montrer également que le sport a joué son rôle de rassembleur, son rôle de réconciliateur. C’est tout un peuple qui se met derrière ces Éléphants [surnom des joueurs de l’équipe nationale ivoirienne, NDLR], c’est tout un peuple qui se sent ambassadeur de l’organisation de cette CAN. Donc, il y a l’enjeu sportif, mais il y a ce que le pays a connu depuis une dizaine d’années, que nous souhaitons montrer à tous nos amis, à tous ceux qui vont effectuer le déplacement.
Parce qu’une CAN, d’autant plus à 24 équipes, ça coûte cher pour un pays, aujourd’hui.
Ce n’est pas un investissement perdu. Ce que nous aurions dû faire en dix ans, en quinze ans, nous l’avons fait en quatre ans, cinq ans. Mais après, c’est la gestion de l’héritage. Et le Comité d’organisation de la Coupe d’Afrique des nations, le Cocan, a déjà pensé à cela. Au mois de juin dernier, nous avons organisé un séminaire sur l’héritage, nous avons fait venir des experts et des compétences d’Afrique, mais également d’Europe, pour que l’on sache quelles propositions nous faisons au gouvernement afin qu’au lendemain du 11 février [date de la finale de la CAN 2024, NDLR], toutes ces infrastructures, et également tout le capital humain que nous avons formé pour l’occasion, [nous sachions] comment pérenniser cela, comment cela peut aider, également, les autres pays africains qui auraient à organiser ce grand type d’événement sportif.
« Akwaba, soyez les bienvenus », c’est l’accueil, la CAN de l’accueil. Ça, c’est une chose. « La plus belle des CAN », c’est martelé partout, y compris par les Ivoiriens. Ça, c’est autre chose.
La CAN de l’hospitalité. Quand vous voyez aujourd’hui dans le monde les problèmes que pose l’immigration, quand vous voyez dans le monde les problèmes que pose la gestion des flux des populations, nous, en Côte d’Ivoire, peuple hospitalier, pays d’accueil nous disons : la CAN de l’hospitalité. Et la CAN de l’hospitalité, ce n’est pas seulement l’accueil, c’est le respect de l’autre, c’est la tolérance, c’est l’acceptation de la diversité, c’est de faire de la diversité une richesse, et c’est ce que nous souhaitons. Et ce rendez-vous que nous organisons, ce n’est pas un rendez-vous pour nous seuls, c’est un rendez-vous pour toute la jeunesse africaine, c’est le rendez-vous du rassemblement de tous les amoureux du football. Donc, l’hospitalité est à toute essence. Et nous avons dénommé notre mascotte Akwaba, parce que chez nous, Akwaba, c’est « bienvenue », et « bienvenue », c’est : nous vous ouvrons nos bras. Vous arrivez en Côte d’Ivoire et vous n’êtes plus originaire de quelque part, vous êtes ivoirien.
Mais vous pouvez rester comme le président qui aura organisé la plus belle des CAN, c’est ce que, encore une fois, vous martelez. Quelle pression au moment de débuter « la plus belle des CAN » ?
La plus belle des CAN, nous en sommes sur le chemin. Quand vous avez près de 5 200 demandes d’accréditations, alors qu’à la dernière édition, on en était à 2 000 ; quand, au moment où vont s’ouvrir les jeux du Proche-Orient et de l’Asie [la Coupe d’Asie des nations de football, organisée du 12 janvier au 10 février 2024, NDLR], ils en sont à 22 diffuseurs, vous êtes à 77 diffuseurs ; quand dans les rues, vous voyez tout le monde paré des couleurs du drapeau national ou du pagne de la compétition ; quand vous voyez le nombre de demandes de visas ; quand vous voyez le nombre de spectateurs attendus ; vous dites : la meilleure des CAN, elle est déjà là.
Il y a la pression sur les Éléphants. Il n’y a pas de CAN réussie dans un pays si sa sélection ne va pas au bout du tournoi.
Nous avons deux étoiles [symbole sur un maillot d’une victoire dans un grand tournoi, NDLR]. Nous espérons avoir la troisième étoile, le 11 février 2024. Et je crois que l’équipe nationale se donne les moyens : le choix d’un entraîneur qui est un entraîneur formateur [le Français Jean-Louis Gasset, NDLR] ; la sélection des joueurs qui sont les meilleurs dans leur club et qui évoluent pour la plupart en Europe dans de grands clubs ; et puis, on a vu lors des derniers matches la prestation des Éléphants. Aujourd’hui, les gens ne viennent pas pour disputer un match contre les Ivoiriens, contre les Éléphants, ils ont la crainte des Éléphants. Comment affronter les Éléphants ? Et je crois qu’il y a un avantage psychologique qui devrait profiter à notre équipe nationale, parce que le rêve de tous les Ivoiriens, c’est qu’au soir du 11 février, nous puissions soulever le trophée et le remettre au président Alassane Ouattara.
► Côte d’Ivoire-Guinée-Bissau, coup d’envoi donc de cette 34ᵉ CAN, demain samedi à 20h TU à Abidjan. À suivre en direct et en intégralité sur RFI.