De violentes émeutes éclatent en Papouasie-Nouvelle-Guinée, faisant plusieurs morts
Une manifestation de fonctionnaires protestant contre des réductions de salaires a dégénéré en violences mercredi, en Papouasie-Nouvelle Guinée. Le Premier ministre James Marape s’est engagé à lutter contre « l’anarchie » après la mort de 15 personnes dans les deux plus grandes villes du pays.
Au moins quinze personnes sont mortes dans les violentes émeutes qui ont éclaté dans les deux principales villes de Papouasie-Nouvelle-Guinée, a déclaré jeudi 11 janvier la police. Huit personnes ont trouvé la mort à Port Moresby, la capitale, et sept autres sont décédées à Lae, la plus grande ville du pays, a précisé le commissaire de la police royale de Papouasie-Nouvelle-Guinée, David Manning.
Des violences ont éclaté dans la capitale Port Moresby mercredi soir, après qu’un groupe de soldats, d’officiers de police et de gardiens de prison ont manifesté contre le gouvernement.
Des foules en colère ont incendié des bâtiments et saccagé des magasins au cours d’une nuit de chaos qui s’est rapidement répandue à quelque 300 kilomètres au nord, jusqu’à la ville de Lae.
Le Premier ministre James Marape a présenté ses excuses au pays, déclarant que les explosions d’ »anarchie » ne seraient « pas tolérées ». « C’est votre pays autant que le mien. Enfreindre la loi ne permet pas d’obtenir certains objectifs », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse.
À propos des émeutes, James Marape a indiqué que le pire était passé jeudi matin, mais il a admis que « la situation est encore tendue » dans certains quartiers de Port Moresby.
Un incendie devant le bureau du Premier ministre
Des vidéos tournées dans la capitale par l’Agence France-Presse (AFP) ont montré des pillards se précipitant dans les magasins à travers les vitres brisées, mettant des marchandises volées dans des cartons, des chariots de supermarché et des seaux en plastique.
Des bâtiments et des voitures ont été incendiés, selon les images l’AFP, soulevant d’épais panaches de fumée noire qui planaient au-dessus des quartiers les plus touchés de la ville.
Un peu plus tôt, une foule moins nombreuse s’était rassemblée devant le bureau du Premier ministre à Port Moresby, arrachant une barrière de sécurité et incendiant une voiture de police en stationnement.
Pékin a déposé une plainte auprès du gouvernement de Papouasie-Nouvelle-Guinée, à la suite d’informations selon lesquelles les émeutiers auraient pris pour cible des entreprises appartenant à des Chinois.
L’ambassade de Chine en Papouasie-Nouvelle-Guinée a indiqué dans un communiqué qu’ »un certain nombre de magasins chinois ont été pillés ». « Aucun décès de ressortissant chinois n’a été signalé jusqu’à présent » mais « plusieurs ont toutefois été légèrement blessés », a-t-elle ajouté.
Le gouverneur de la région englobant la capitale, Powes Parkop, a estimé que les troubles représentaient un « niveau de conflit sans précédent » à Port Moresby, tandis que le Post Courier, un journal local, a parlé du « jour le plus sombre » de la ville.
« Ce qui est le plus important, c’est que nous devons mettre fin à ce conflit », a insisté Powes Parkop sur une station de radio locale mercredi soir, soulignant que « personne ne sortira gagnant de ce type de troubles civils ».
Un pays en proie à l’instabilité
Les forces de sécurité ont organisé une manifestation à l’intérieur du parlement de Papouasie-Nouvelle-Guinée, après avoir constaté une baisse de leur salaire sans explication.
Bien que le gouvernement ait rapidement promis de corriger ce qu’il a décrit comme un « problème technique », cela n’a pas suffi à empêcher les civils mécontents de se joindre au tumulte.
Cette explosion de violence met en lumière l’instabilité de la vie en Papouasie-Nouvelle-Guinée, un pays en proie à la pauvreté et à un taux de criminalité élevé.
Située à environ 200 kilomètres au nord de l’Australie, la Papouasie-Nouvelle-Guinée est l’État le plus grand et le plus peuplé de Mélanésie.
Bien qu’elle soit dotée de vastes gisements de gaz, d’or et de minerais, les groupes de défense des droits humains estiment que près de 40 % de ses neuf millions d’habitants vivent encore sous le seuil de pauvreté.
L’Australie a récemment conclu un accord de sécurité avec le pays, promettant d’aider ses forces de police à lutter contre le trafic d’armes, la contrebande de drogue et la violence tribale. « Nous continuons à appeler au calme en ces temps difficiles », a déclaré jeudi le Premier ministre australien, Anthony Albanese.
France24 avec AFP