Tensions entre les deux Corées

De notre correspondant à Séoul,

C’est le Nord qui a dégainé le premier avec le tir de 200 obus d’artillerie, tout proche de ce qui sert de fait de frontière maritime entre les Corées. Ce à quoi la Corée du Sud a répondu en tirant deux fois plus d’obus, soit 400. Les populations de deux îles frontalières ont été invitées à se mettre à l’abri. L’armée sud-coréenne a accusé Pyongyang d’avoir de nouveau conduit des tirs et d’avoir envoyé 90 nouveaux obus dans cette zone ce dimanche 7 janvier.

Mais la Corée du Nord assure qu’elle a trompé l’armée sud-coréenne, et qu’elle n’a pas tiré d’obus ce samedi. C’est ce qu’a expliqué la sœur du dirigeant nord-coréen, Kim Yo-jong aux médias d’État hier, dimanche. Elle affirme que l’armée a effectué des explosions imitant le bruit de tirs d’artillerie. La télévision nord-coréenne a même consacré un reportage au sujet ce dimanche soir.

Déstabilisation

Les deux camps essaient de se décrédibiliser par tous les moyens et de montrer leur impréparation respective. Un jeu de déstabilisation qui s’appuie sur l’éventuel risque d’accident engendré par des démonstrations de force à répétition dans cette zone maritime contestée.

Alors, pourquoi cette frontière maritime pose-t-elle problème ? Car ce n’en est pas vraiment une. L’armistice de 1953 précise que la Corée du Sud a le contrôle de cinq îles à proximité des côtes nord-coréennes, mais les deux camps ne se sont pas mis d’accord sur une ligne de démarcation en mer. Séoul utilise la ligne de limite du nord (NLL) comme frontière de fait, mais Pyongyang ne la reconnaît pas et revendique une ligne plus au sud.

À partir des années 1970, il y a eu de nombreux accrochages, avec un pic en 2010. Une dizaine d’affrontements se sont déroulés en 2023, entraînant la mort de cinquante personnes, dont deux civils. Quand les Corées se sont rapprochées il y a cinq ans, elles avaient convenu d’un accord militaire définissant une zone tampon maritime dans la mer Jaune.

Mais en novembre, après des mois d’escalade verbale et militaire entre Séoul et Pyongyang, l’accord a fini par voler en éclats, ouvrant la porte aux affrontements que l’on observe aujourd’hui.

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