En Chine, les nerfs des parents d’élèves à l’épreuve du «zéro covid»
À l’approche de l’hiver, les restrictions sanitaires sont renforcées en Chine. Depuis ce mardi matin, les élèves sont de nouveau devant un écran à la maison. Les écoles du plus grand district de la capitale chinoise tiennent leurs cours en ligne jusqu’à la fin de la semaine.
Avec notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde – RFI
« 1,2,3,4, dit l’écran, on lève les bras et on fléchit les genoux, en cadence. » Le sport, comme les autres cours, sont de nouveau enseignés via les écrans des ordinateurs de papa et maman pour les petits Pékinois ce mardi 8 novembre. Il y a d’abord eu un message « urgent » des professeurs prévenant les parents d’élèves de « garder (leurs) téléphones ouverts » en fin d’après-midi. Puis, il y a eu l’annonce de la fermeture des classes jusqu’à la fin de la semaine, avant nouvelle évaluation.
#Pékin: message sur les groupes de parents d’élève, il y a 20 minutes. Ça sent le roussi. #Chine #0Covid #ecole pic.twitter.com/jO2jYHMnoo— Stéphane Lagarde (@StephaneLagarde) November 7, 2022
Yoyo sanitaire
Même si les chiffres des contaminations restent faibles comparés à la plupart des pays –plus de 5 000 nouvelles infections ont été rapportées lundi par les autorités sanitaires-, la Chine enregistre son plus grand nombre de nouveaux cas de Covid-19 depuis six mois. Les décisions parfois perçues comme arbitraires trahissent la fébrilité des comités locaux de prévention et de contrôle de l’épidémie.
Après l’annonce de la fermeture des classes hier, plusieurs écoles internationales, dont le Lycée Français ont finalement été informés d’un changement de décision un peu avant minuit. Ces établissements ont pu ouvrir en présentiel ce mardi midi, les autres écoles devraient rouvrir demain à Pékin. La pression des chancelleries avait déjà entraîné la fin de la séparation des familles lors des confinements à Shanghai au printemps dernier.
Ce yoyo sanitaire fait grimper le niveau de stress des familles des écoles internationales de Pékin. Mais la fatigue « Zéro Covid » est encore plus visible chez celles et ceux qui subissent chaque jour ce qui est perçu comme un « deux poids-douze mesures » en fonction des cas et du bon vouloir des autorités locales, voir micro locales. Avec la reprise épidémique automnale, les PCR sont redevenus quotidiens dans certains quartiers, parfois dans des villes entières, comme en ce moment à Canton et dans sa région, marqués par un rebond du variant Omicron. Lundi soir à Pékin, les files d’attentes devant les kiosques à PCR s’étendaient sur plusieurs dizaines de mètres, suite à la demande de certaines entreprises de produire un « code santé vert » de la veille pour entrer dans les bureaux.
Colère sur les réseaux
Un peu comme ceux qui ont connu le fait de devoir attendre sur le trottoir devant les magasins pendant les périodes de rationnement en Europe après la guerre, certains pourront dire qu’ils ont vécu la période des PCR « zéro covid » en Chine. Ces tests sont gratuits, à l’exception de certaines provinces et régions qui, faute de moyens, demandent à leurs administrés de payer une partie des tests, comme le relève Sixth Tones. Il s’agit aussi de tests buccaux et donc indolores. Ces derniers répétés à longueur d’année risquent toutefois de marquer les esprits d’une génération.
Le tout, sans parler de la colère qui monte sur les réseaux sociaux. Dans une vidéo, non vérifiée et largement partagée sur Twitter, un chauffeur routier hurle torse nu sur un parking.
司机要上厕所下车,被要求隔离七天。清零就是虐人!整人! pic.twitter.com/S9bbfqgEcj— 吴文行wenxingwu (@wuwenhang) November 8, 2022
« J’ai fait fait pipi dans mon camion et maintenant, parce que je veux aller faire la grosse commission, les « gardes blancs« me mettent la main dessus. Je fais deux tests covid quotidien, raconte-il. On m’empêche de travailler et on veut me faire payer 75 yuans (un peu plus de dix euros par jour) la quarantaine. » Les tensions sont également perceptibles du côté des policiers, chargés de faire respecter l’ordre sanitaire en combinaison de protection et au forceps. Là aussi, de nombreuses vidéos d’abus commis par des « hommes en blancs » se multiplient sur les réseaux sociaux. Sept policiers ont ainsi été interpellés dans le Shandong sur la côte orientale après avoir frappé des riverains. Une enquête est en cours.