Banlieue – Violences sur les femmes : Guédiawaye a mal partout

A Guédiawaye, les femmes sont victimes de nombreuses violences, qui empêchent leur épanouissement social et professionnel.

Par Abdou Latif MANSARAY  – Le département de Guédiawaye fait face toujours à des drames sociaux comme la persistance des Mutilations génitales féminines (Mgf), les grossesses précoces et/ou non désirées, les mariages d’enfants, les violences faites aux femmes et aux filles. Ce sont des cas de violence sur les femmes, qui étaient au cœur des discussions lors d’un atelier sur ces questions dont Fatimata Mamadou Lamine Sy, Secrétaire exécutive de l’Association sénégalaise pour l’avenir de la femme et de l’enfant (Asafe), faisait partie des protagonistes.

Ce jour-là, il y a eu des témoignages, des histoires à couper le souffle, car plusieurs victimes n’ont pas hésité à saisir cette occasion pour parler de leurs drames. La structure, en partenariat avec l’organisation Power to You (th), compte mener la lutte contre ces pratiques, qui ont été aussi criminalisées. «Aujourd’hui notre combat est de faire tout pour réduire considérablement les pratiques à l’intérieur du pays, mais plus particulièrement au niveau des banlieues. Aujourd’hui le taux dans le département de Guédiawaye est énorme. Pour parler de grossesses précoces et non désirées de janvier, février et mars, nous avions un taux de 369 cas dans le département de Guédiawaye. Pour les infections sexuellement transmissibles, nous avions un taux de 669 mille cas. Raison pour laquelle nous avons appelé les conseils municipaux chargés des affaires sociales de Guédiawaye, Keur Massar, Rufisque pour se pencher sur ces questions relatives aux pratiques néfastes. Mais aussi à tout faire pour les impliquer dans le vote des budgets en conseil.» Au cours des discussions, les conséquences des mutilations génitales. «Aujourd’hui parmi elles, certaines n’ont plus envie de faire l’amour parce que le clitoris, qui est un organe uniquement dédié au plaisir, est sectionné par les exciseuses. Pire, certaines coupent même les petites et grandes lèvres. La femme vient d’être privée à vie de bonheur sexuel», avance Mme Diédhiou Bineta Coly, ancienne exciseuse, par ailleurs conseillère municipale au niveau de la ville de Rufisque.

Témoignage d’une ancienne exciseuse
Dans la salle où se tenait la rencontre, il y règne un silence accablant. Mme Coly a tenu en haleine l’assistance en revenant sur les raisons qui l’avaient poussée à pratiquer l’excision avant d’y renoncer, après une prise de conscience des faits néfastes que cette pratique occasionne. Originaire de la Région de Casamance, elle renseigne : «L’excision, c’est notre culture, je suis une fille de la région de Casamance, et dans la culture africaine, l’excision en fait partie. Cette pratique on l’avait apprise par cœur parce qu’on nous disait que si une fille n’est pas excisée, elle est impure. Et elle n’aura pas les mêmes privilèges que ses coépouses. Elle n’a pas le droit de préparer le repas pour le chef de famille, entre autres. Aujourd’hui ces pratiques continuent dans des régions et pays africains. Or, beaucoup succombent après l’opération.» Elle enchaîne : «Après avoir constaté les maladies que cette pratique occasionne chez la femme, j’ai décidé de jeter la lame avant de mener le combat contre l’excision. Beaucoup de femmes, au moment de l’accouchement, contracte des difficultés énormes avant la sortie du bébé. Le clitoris a un rôle très important chez la femme. Et beaucoup de nos femmes ne connaissent pas ce qu’est le bonheur.» Elle poursuit son réquisitoire pour dénoncer les violences faites aux femmes. «Des femmes sont violées par leurs oncles, cousins, frères, entre autres. C’est grave ce qui se passe dans les maisons. Et l’Etat est complice de tout cela.» Des témoignages ont été nombreux dans la salle. Une dame de Nom de A. Sall révèle que sa cousine est morte lors d’une opération d’excision. «Elle avait une hémorragie pendant des jours. Finalement elle est morte. Et depuis, moi personnellement, j’ai pris mon courage à deux mains pour dire plus d’excision dans la famille.»


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